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L’amour selon Platon

amour Platon Le Banquet

Platon veut réhabiliter l’amour. En comparaison des autres dieux, en effet, Éros aurait été délaissé par les poètes. Le philosophe met donc en scène dans Le Banquet un éloge de l’amour par des convives venus fêter la victoire du poète Agathon à un concours de tragédie. Les huit personnalités du dialogue évoquent des conceptions de l’amour et de la beauté différentes, selon que l’on considère le corps ou l’esprit, le peuple ou les individus éduqués.

La cristallisation de Stendhal

Platon donne à l’amour une origine mythique. Le point de départ de sa réflexion est le célèbre mythe de l’androgyne sur lequel s’appuie la théorie d’Aristophane. Selon celui-ci, le sentiment amoureux se manifesterait quand sont réunies deux personnes qui constituaient jadis un seul « homme-boule », avant que Zeus ne le coupe en deux pour punir cette humanité antérieure d’avoir osé défier les dieux. « Jadis notre nature n’était pas ce qu’elle était à présent, elle était bien différente, annonce Platon. (…) chaque homme était dans son ensemble de forme ronde, avec un dos et des flancs arrondis, quatre mains, autant de jambes, deux visages tout à fait pareils sur un cou rond, et sur ces deux visages opposés en une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération et tout le reste à l’avenant » (Le Banquet). Ainsi, avant l’intervention de Zeus, chaque individu possédait deux visages et deux appareils génitaux, en vertu de quoi il existait alors trois genres sexuels distincts : le tout-masculin, le tout féminin, et le genre hermaphrodite. Ce mythe amusant a pour fonction d’expliquer l’énigme de l’amour, et plus précisément le caractère instantané et irrationnel du coup de foudre : si deux individus peuvent être spontanément et irrésistiblement attirés l’un vers l’autre, cela serait parce que la cause de cette attirance est antérieure à leurs existences.

La métaphysique de l’amour selon Schopenhauer

Platon compare dans Le Banquet les différentes formes de l’amour

Platon met en évidence différentes conceptions de l’amour. Le philosophe distingue ainsi principalement trois conceptions qui sont autant d’étapes au sein même de la relation amoureuse : il évoque tout d’abord l’amour comme relation asymétrique, c’est-à-dire pédagogique, ce qui est caractéristique de la pédérastie (la pédophilie instituée dans l’Antiquité…) ; la relation amoureuse peut également être symétrique, dans le sens où, issue d’une incomplétude primordiale (cf. le mythe de l’androgyne) et d’une recherche de soi, elle est faite d’égalité et de réciprocité ; en synthèse des deux conceptions précédentes, enfin, le véritable épanouissement amoureux naîtrait de la transformation d’une relation asymétrique en relation symétrique, en établissant un lien entre l’amour et l’amour du savoir (la philosophie). À ces conceptions se rapportent les étapes du sentiment amoureux. Initié à l’amour par la prêtresse Diotime, Socrate affirme, pragmatique, qu’on apprécie d’abord le corps ; puis la beauté de l’âme ; avant d’en arriver à la contemplation de l’être aimé : « la vraie voie de l’amour, c’est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant par échelons d’un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir à cette science qui n’est autre chose que la science de la beauté absolue » (Le Banquet).

La psychologie de la vie amoureuse selon Freud

Platon n’est pas à l’origine de l’amour dit « platonique ». En effet, cette conception n’a pas été directement défendue par le philosophe, car elle est seulement une extension des thèses présentes dans Le Banquet. Alors que Socrate y montre que l’amour consiste essentiellement dans le désir physique, les philosophes humanistes de la Renaissance (notamment Marsile Ficin) se seraient focalisés sur le discours de Pausanias, dans lequel s’opposent l’Éros vulgaire,  bassement voué à la reproduction de l’espèce humaine, et l’Éros céleste, qui est un amour pur s’adressant aux âmes. Ils en seraient donc arrivés à prôner un amour chaste et intellectuel, dit « platonique », qui n’a à la vérité pas grand-chose à voir avec les conceptions décelables dans le dialogue de Platon. Le Banquet renseigne en revanche sur la place de l’homosexualité et de la pédérastie, comme formes d’amour, dans l’Antiquité grecque. La conception asymétrique de l’amour exposée par Platon oppose deux personnes dont les rôles sont codifiés. L’amant (l’éraste), le plus âgé, doit prendre l’initiative de la poursuite et montrer sa passion, tandis que l’aimé (l’éromène), le plus jeune, doit être discret et décent, et ne pas céder facilement. Ce type de relation possède ainsi un arrière-fond éducatif – le plus vieux est « celui qui enseigne au plus jeune » – dans une société où les rôles sociaux et le savoir n’étaient pas transmis dans les universités.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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