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Comment trouver logiquement une problématique en dissertation ?

Sommaire

Comment trouver logiquement une problématique en dissertation ?

Dans cet article, je te révèle ma méthode personnelle pour trouver logiquement et formuler facilement une problématique en dissertation.

Trouver une problématique est une opération cruciale dans la méthodologie de la dissertation, car elle a une incidence sur toutes les opérations suivantes : la recherche des grandes parties du développement, la construction de l’argumentation, la rédaction de l’introduction, etc.

C’est pourquoi les correcteurs sont très attentifs à la problématisation :

Cette composition permet au candidat de montrer qu’il sait problématiser un sujet.
— Rapport du jury, Sciences-Po Paris 2016

En particulier, une mauvaise problématisation risque d’entraîner un hors-sujet, et alors… c’est la catastrophe. À l’inverse, une problématisation efficace augmentera tes chances de trouver un plan, des arguments, et des références qui satisfont le correcteur.

Proposer une bonne problématique est donc crucial pour réussir la dissertation.

Lis attentivement cet article, et tu sauras comment trouver logiquement une problématique dans n’importe quelle matière. Si tu as des questions, pose-les-moi dans les commentaires et j’y répondrai sans faute.

Le sens de la problématique en dissertation

Je sais d’expérience que la grande majorité des élèves ignorent ce qu’est la problématique ainsi que sa fonction dans la méthodologie de la dissertation. Pas étonnant qu’ils aient du mal à la trouver !

Le sens du mot « problématique »

Sur le plan du langage, le nom féminin « problématique » est évidemment un dérivé du nom masculin « problème ».

Sur le plan des idées, le mot « problématique » ajoute simplement une précision par rapport au mot « problème » : la multidimensionnalité.

Problématique (n.f.) : problème considéré du point de vue des différents aspects à traiter.
— Wiktionnaire

Autrement dit, parler de « problématique » plutôt que de « problème », c’est présupposer que le problème est complexe au point qu’il faille l’envisager sous divers angles.

Le sens précis du mot « problématique » repose donc sur l’opposition entre les problèmes « simples », d’une part, et les problèmes « complexes », d’autre part.

Par exemple, savoir si un billet d’avion est cher est un problème simple : il suffit de comparer les prix pendant 5 minutes sur internet pour se faire une idée, et on pourra répondre « oui » ou « non ». En revanche, savoir si le loisir rend l’homme heureux est un problème complexe au sens où il est impossible de donner rapidement une réponse tranchée.

Ainsi, le mot « problématique » implique une réflexion poussée.

La problématique dans l’exercice de la dissertation

La problématique est un enjeu central de l’exercice de la dissertation parce qu’il consiste à résoudre un problème intellectuel complexe. L’énoncé de la dissertation représente une interrogation – même s’il n’est pas forcément libellé sous la forme d’une question – à laquelle la pensée se heurte, c’est pourquoi on te demande un effort de réflexion.

Certaines matières, comme la philosophie ou la culture générale, sont certes plus propices à la problématisation, mais les autres ne requièrent pas moins la recherche et la formulation du problème intellectuel suggéré par l’énoncé.

→ C’est en philosophie que les problèmes sont traditionnellement les plus difficiles à résoudre, car la pensée philosophique est en partie détachée de la réalité.

Voici par exemple les sujets du bac de 2019 :

  • Est-il possible d’échapper au temps ?
  • À quoi bon expliquer une oeuvre d’art ?
  • La morale est-elle la meilleure des politiques ?
  • Le travail divise-t-il les hommes ?
  • La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?
  • Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

Pas facile, n’est-ce pas ?

Les problèmes paraissent moins insolubles en français, en histoire, et en économie dans la mesure où il existe des faits auxquels confronter les hypothèses de la réflexion.

En pratique, on nomme plus précisément « problématique » la question unique posée à la fin de l’introduction de la dissertation, avant l’annonce de plan. Cette question exprime le problème intellectuel à résoudre dans le développement de la dissertation.

Par convention, la problématique est distincte de l’énoncé. Ainsi, lorsque celui-ci est une question qui exprime le problème de manière transparente, tu es obligé de la reformuler.

Un sujet propose en général un seul problème intellectuel précis, de telle sorte qu’il existe le plus souvent une « bonne » problématique à trouver. Cependant, l’ambiguïté du sujet et les contraintes de composition (durée de l’épreuve, etc.) peuvent exceptionnellement légitimer diverses problématiques (les correcteurs sont plus ou moins tolérants).

Pour faire simple, pars du principe que tu as un seul et unique problème intellectuel à résoudre.

Comment trouver logiquement la problématique en dissertation

La problématisation constitue la 4ème étape de ma méthode de dissertation.

Personnellement, je me mets à chercher la problématique après avoir :

  • réfléchi stratégiquement au sujet (étape 1) ;
  • listé des exemples précis (étape 2) ;
  • défini les termes du sujet (étape 3).

Le problème intellectuel n’est pas forcément évident, même si l’énoncé est une question. C’est donc à toi de cadrer et de poser le problème de la dissertation, ce qui s’appelle « problématiser ».

Pour clarifier les choses, je subdivise la problématisation en 2 sous-étapes :

  1. trouver le point de départ de la réflexion ;
  2. en déduire le problème intellectuel à résoudre dans la dissertation.

Je te les explique dans le détail.

1ère étape pour trouver la problématique

Un raisonnement commence toujours quelque part, donc autant le dire clairement.

Par exemple, si je réfléchis à organiser un voyage au Japon, je peux partir de l’idée que c’est un pays riche (1) et éloigné (2). J’en déduis que mon problème précis est de trouver une solution économique (1) qui minimise les contraintes (2).

En dissertation, le point de départ de la réflexion, ou « tremplin de la réflexion » comme je l’appelle parfois, ne devrait pas être difficile à trouver. En effet, la plupart des énoncés sont justement faits pour éveiller le doute – les profs les conçoivent dans cette optique.

En philosophie, on parle souvent du « paradoxe » du sujet, mais cette approche est trop vague de mon point de vue.

En dissertation, le point de départ de la réflexion est l’aspect le plus frappant du sujet. Il s’agit d’une idée contenue dans le sujet simple et évidente.

Si l’idée doit être frappante, il n’est pas toujours facile de l’identifier.

Il n’y a pas de « recette miracle », tu dois t’entraîner avec le plus d’énoncés possible pour exercer ton jugement. Tu remarqueras d’ailleurs qu’une poignée de concepts servent de points de départ pour réfléchir à la grande majorité des sujets.

Exemples :

  • « Philosopher, est-ce apprendre à mourir ? » (philosophie) : l’évocation de la mort ne peut laisser indifférent, c’est pourquoi la réduction de la philosophie à l’apprentissage de la mort apparaît comme une hypothèse radicale.
  • « Les régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerres : genèse, points communs, spécificités. » (histoire, Sciences-Po 2017) : dans cet énoncé moins facile à problématiser, l’idée frappante est que tous les régimes totalitaires sont « mis dans le même sac » ; l’adjectif « totalitaires » présuppose une homogénéité de la catégorie, ce que renforcent, dans le libellé du sujet, les indications données après les deux points (« points communs », « spécificités »).
  • « L’entreprise (depuis le XIXe siècle) peut-elle se passer de l’entrepreneur? » (économie, HEC 2017) : ce qui frappe dans ce sujet, c’est que le verbe « pouvoir » présuppose que l’entrepreneur est un acteur incontournable de l’entreprise depuis le XIXe siècle (et la question porte sur les possibles exceptions). L’hypothèse suggérée semble a priori impossible.

Une fois que tu as trouvé le tremplin de ta réflexion, tu peux passer à la seconde étape de la problématisation.

2nde étape pour trouver la problématique

Tu as trouvé le point de départ de la réflexion, la toute première idée de ton raisonnement, dans l’énoncé. Cette idée simple te permet ensuite d’identifier précisément le problème intellectuel à résoudre dans la dissertation.

Tu dois déduire l’idée de la problématique celle du point de départ de la réflexion.

Je te montre comment faire avec le sujet de philosophie « Philosopher, est-ce apprendre à mourir ? » :

  • L’hypothèse que la philosophie se réduise à l’apprentissage de la mort semble radicale : c’est le point de départ de ma réflexion.
  • On n’accorde donc a priori peu, sinon aucun crédit à cette hypothèse radicale. On peut alors simplement se demander : a-t-on raison, ou bien s’agit-il d’un préjugé ? Il faut vérifier cette première impression.

Dans cet exemple, l’énoncé est une question fermée, donc le problème intellectuel est relativement transparent. La problématisation permet néanmoins d’apporter une nuance utile pour la suite de la réflexion : le sujet frappe par sa radicalité.

→ J’ai rédigé et commenté entièrement un exemple de dissertation de philosophie sur ce sujet.

Exemples :

  • « Les régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerres : genèse, points communs, spécificités. » (histoire, Sciences-Po 2017) :
    • Le point de départ de la réflexion est que la catégorie générique des régimes totalitaires risque de gommer les différences entre les régimes.
    • On en déduit que le problème intellectuel est la pertinence de la catégorie des régimes dits « totalitaires » pour regrouper des gouvernements historiquement divers.
  • « L’entreprise (depuis le XIXe siècle) peut-elle se passer de l’entrepreneur ? » (économie, HEC 2017) :
    • Le point de départ de la réflexion est l’apparente impossibilité de concevoir l’entreprise sans l’entrepreneur.
    • Le problème intellectuel est transparent : il s’agit de vérifier si l’entrepreneur est un acteur aussi indispensable qu’il n’y paraît – de telle sorte qu’il suffit de reformuler la question afin de distinguer l’énoncé et la problématique.

Comme pour la 1ère sous-étape, plus tu t’entraînes, meilleur tu seras. Tu peux t’exercer avec cette liste de sujets de dissertation.

Une fois que tu as trouvé l’idée de ta problématique, il ne reste plus qu’à la formuler.

Comment formuler la problématique en dissertation

La formulation de la problématique de la dissertation est efficace à 2 conditions :

  1. la question est claire, c’est-à-dire immédiatement compréhensible ;
  2. elle facilite la recherche des éléments de réponse au problème intellectuel.

1/ Comment formuler clairement la problématique

La clarté de la problématique est aussi importante pour toi que pour le correcteur. En effet, plus la question est simple, plus il est facile d’y répondre.

À cet égard, la première chose à éviter est de rédiger une problématique trop longue. Dans mon expérience, soit les questions interminables contiennent en réalité plusieurs problèmes, soit elles servent à dissimuler le fait que l’élève n’a pas compris le sujet, et qu’il n’a pas vraiment réussi à problématiser.

Pour la problématique, comme de manière générale, une phrase courte a plus de chance d’être claire et pertinente.

→ La règle que tu peux suivre est de te limiter à un seul verbe conjugué.

La seconde chose à éviter est l’abus du jargon.

Je me souviens encore d’une correction que m’avait transmise un élève : la problématique, les grandes parties, et les arguments étaient des phrases à rallonge bourrées de vocabulaire philosophique technique. Je lui avais répondu : « C’est bien que ton prof vous donne une correction, mais… tu as compris ? ». Et il m’avait avoué : « Non, pas vraiment. ».

→ Ne complique donc pas la problématique dans le but d’impressionner le correcteur.

2/ Comment formuler tactiquement la problématique

La problématique doit également faciliter la recherche des éléments de réponse au problème intellectuel. En effet, ils formeront les grandes parties du plan et les arguments.

La règle générale est que la problématique doit être une question fermée, c’est-à-dire qu’elle cadre les réponses possibles (souvent « oui » vs. « non »).

Pour ce faire, il faut éviter notamment les formulations suivantes :

  • « Comment… ? »
  • « Pourquoi… ? »
  • « Quoi/De quoi/À quoi… ? »
  • « Quel/De quel/À quel/etc…. ? »

En revanche, tu peux recourir à celles-ci :

  • « Peut-on… ? »
  • « Doit-on… ? »
  • « Faut-il… ? »
  • « Dans quelle mesure… ? »

Ma préférence personnelle va à la locution interrogative « dans quelle mesure », car elle permet de transformer une interrogation binaire en un problème de nuance et de dosage, ce qui est une preuve de maturité intellectuelle.

Sinon, les formulations correctes sont couramment des questions avec les verbes « être » ou « avoir » qui commencent par le sujet, comme « L’utilité du corps est-elle douteuse ? », ou « La philosophie a-t-elle une finalité ? ».

✩ ✩ ✩

Si la forme de la problématique n’est pas à négliger, c’est toutefois le fond, c’est-à-dire le problème intellectuel en lui-même, qui est déterminant dans la réussite de la dissertation.

L’idée de la problématique est plus importante que sa formulation.

→ Ne perds donc pas trop de temps à rédiger la question et satisfais-toi de la première à laquelle tu parviens qui a les qualités requises.

Exemples de problématique en dissertation

Je vais te donner des exemples de problématique avec des énoncés de philosophie, de culture générale, d’histoire, et d’économie.

Idéalement, il faut analyser le sujet avant de le problématiser : étudier ses caractéristiques, chercher des exemples, définir les termes, etc.

Pour chaque sujet, je suivrai ma méthode de problématisation en 3 étapes :

  • identifier le point de départ de la réflexion ;
  • en déduire le problème intellectuel de la dissertation ;
  • enfin, formuler la question de la problématique.

Les problématiques que je te propose ne sont bien évidemment pas les seules possibles. Tu peux tout à fait préférer d’autres formulations tant que le problème intellectuel est le bon et que les qualités attendues de la question sont au rendez-vous.

N’hésite pas à m’écrire dans les commentaires si tu as des questions.

Exemples de problématique en dissertation de philosophie

« Est-il possible d’échapper au temps ? » (Bac L 2019) :

  • Le point de départ de la réflexion est l’apparente impossibilité de l’hypothèse suggérée (c’est le verbe « échapper » qui rend l’idée frappante).
  • On en déduit que le problème intellectuel consiste à vérifier si la question est vraiment dépourvue d’intérêt.
  • Pour souligner la nuance du point de départ, je formulerais la problématique de la manière suivante : « Faut-il abandonner l’idée de vivre hors du temps ? » (c’est le verbe « abandonner » qui transmet la nuance).

« La morale est-elle la meilleure des politiques ? » (Bac ES 2019) :

  • Le caractère utopique de l’hypothèse suggérée est frappant (« la meilleure »). En effet, elle prend le contrepied de la préférence traditionnelle, quand il s’agit de l’action au sens général, et de l’action politique en particulier, pour le pragmatisme. Ce sont habituellement les effets concrets, et non pas les idées morales, qui guident la politique. Certains penseurs politiques, comme Machiavel, affirment même que la morale est « la pire » des politiques.
  • On en déduit que le problème intellectuel est de savoir si l’hypothèse est une pure provocation, ou si elle peut avoir un fond de vérité.
  • Pour abandonner l’exagération de l’énoncé, j’écrirais : « Ne sous-estime-t-on pas le rôle de la morale dans l’action politique ? », ou bien « Faut-il réhabiliter la morale dans l’action politique ? » (plus dynamique).

« Travailler moins, est-ce vivre mieux ? » (Bac S 2016) :

  • Le travail est par nature pénible, c’est-à-dire que le travail et le bonheur semblent antinomiques, en vertu de quoi la réponse « oui » paraît évidente.
  • On en déduit que le problème intellectuel consiste à vérifier la pertinence du préjugé selon lequel le travail nuit au bonheur.
  • Pour transformer l’apparente antinomie travail/bonheur en un problème de nuance et de dosage, j’écrirais par exemple : « Dans quelle mesure le travail s’oppose-t-il vraiment au bonheur ? ».

Exemples de problématique en dissertation de culture générale

« Faire parler un texte » (HEC 2017, sujet difficile) :

  • L’expression renvoie, dans l’absolu, à l’interprétation d’un texte, mais le thème de l’année étant « la parole », l’opposition entre la parole orale (« parler ») et la parole écrite (« texte ») fait un meilleur point de départ.
  • On en déduit que le problème intellectuel de la dissertation consiste à vérifier l’apparente absurdité – déduite de l’apparente hétérogénéité des deux formes de parole – de l’idée d’user d’un texte écrit comme on use d’un texte oral.
  • J’écrirais : « L’usage d’un texte pourrait-il vraiment recourir à une forme de parole (orale) issue de la parole écrite elle-même ? » (le verbe « pouvoir », l’adverbe « vraiment », et le nom commun « forme » révèlent le caractère a priori peu crédible de l’hypothèse).

« Mon corps et moi » (HEC 2018) :

  • Cet énoncé présuppose que le corps et le sujet (« moi ») sont deux entités distinctes, liées mais fondamentalement étrangères, ce qui semble spontanément contestable.
  • On en déduit que le problème intellectuel de la dissertation est l’idée dérangeante de l’extériorité du corps par rapport au sujet.
  • Je formulerais une problématique dynamique comme « Serais-je étranger à mon propre corps ? » (l’adjectif « étranger » renvoie à l’idée du point de départ et le conditionnel exprime son caractère contestable).

« La France a-t-elle toujours vocation à porter des valeurs universelles ? » (ENA[1] 2016) :

  • Demander si la France a « toujours » vocation à porter des valeurs universelles, c’est présupposer qu’elle les portait dans le passé et suggérer que cette tradition est peut-être remise en cause.
  • On en déduit que le problème intellectuel dont il est question est de savoir si le messianisme français n’est pas révolu.
  • Je formulerais la problématique de la manière suivante : « Que reste-t-il du messianisme français ? » (problématique un peu punchy où le verbe « rester » laisse entendre que la situation a changé), ou bien « Existe-t-il encore un messianisme français ? ».

Exemples de problématique en dissertation d’histoire

« La place des femmes dans la société française au XXe siècle » (Sciences-Po 2016) :

  • Il n’est pas évident de trouver un point de départ pour réfléchir à ce sujet, mais on peut souligner l’opposition entre « la place », qui est quelque chose de fixe, et le XXe siècle, qui est un siècle historiquement agité en plus de constituer une longue durée (ce qui suggère de probables mutations).
  • On en déduit que le problème intellectuel est d’interroger la fixité qui émane de l’expression « la place ».
  • J’écrirais : « Dans quelle mesure la situation des femmes s’est-elle améliorée en France au XXe siècle ? » (la locution interrogative « dans quelle mesure » renvoie au point de départ en introduisant de la nuance).

« La Résistance a-t-elle préparé et réalisé une totale transformation de la République française (1940-1946) ? » (Sciences-Po 2018) :

  • L’adjectif « totale » est porteur d’excès, car il suggère une absence de continuité entre le régime de Vichy (1940-1944) et la République rétablie par le général de Gaulle, ce qui est une hypothèse radicale.
  • On en déduit que le problème intellectuel consiste à savoir si la IVe République établie en 1946 doit vraiment tout à la Résistance.
  • Je formulerais la problématique de la manière suivante : « Dans quelle mesure la République rétablie par le général de Gaulle est-elle l’œuvre de la Résistance ? » (la locution interrogative « dans quelle mesure » renvoie au point de départ en introduisant de la nuance [par rapport à une « totale transformation »]).

« La République et la question sociale, en France (vers 1880-1946) » (Sciences-Po 2019) :

  • La conjonction de la république, un régime politique, et de la « question sociale », expression qui désigne la préoccupation politique concernant les effets sociaux de la révolution industrielle – cette conjonction présuppose que la question sociale a constitué un défi pour la République française de l’époque.
  • On en déduit que le problème intellectuel est de savoir si la république a été à la hauteur du défi.
  • J’écrirais : « La République française a-t-elle été à la hauteur du défi que représentait la question sociale ? » (le mot « défi » renvoie au point de départ et l’expression « être à la hauteur » exprime le problème).

Exemples de problématique en dissertation d’économie

« Les États ont-ils encore à arbitrer entre le chômage et l’inflation ? » (HEC 2016) :

  • L’adverbe « encore » présuppose que les États avaient à choisir entre le chômage et l’inflation, mais que ce n’est probablement plus le cas.
  • On en déduit que le problème intellectuel de la dissertation est d’interroger le préjugé présent dans l’énoncé (l’État n’aurait plus la responsabilité de l’arbitrage entre le chômage et l’inflation).
  • J’écrirais : « La politique économique peut-elle vraiment ignorer l’arbitrage entre le chômage et l’inflation ? » (le sujet est technique et le problème est transparent, donc la reformulation est plus difficile).

« La mondialisation est-elle irréversible ? » (ESSEC 2018) :

  • L’adjectif « irréversible » rend l’hypothèse suggérée par l’énoncé radicale, sans toutefois qu’elle soit délirante (il existe bien des processus irréversibles[2]).
  • On en déduit que le problème intellectuel consiste à vérifier la pertinence du préjugé selon lequel il serait impossible de revenir en arrière en matière d’ouverture aux échanges de marchandises, de capitaux, et d’hommes.
  • J’écrirais : « La progression de la mondialisation serait-elle inéluctable ? » (le nom commun « progression » et le conditionnel renvoient au point de départ en introduisant de la nuance).

« Performances économiques et justice sociale » (HEC 2019) :

  • Le point de départ de la réflexion est évidemment le préjugé de l’opposition entre les deux termes de l’énoncé : les mesures de justice sociale nuiraient aux performances économiques, et réciproquement.
  • On en déduit que le problème intellectuel de la dissertation est de vérifier la réalité de la supposée corrélation négative entre les deux paramètres.
  • Comme la problématisation est très simple, j’opterais pour une problématique dynamique du style : « Faut-il forcément sacrifier ou bien les performances économiques ou bien la justice sociale ? ».

Vidéo sur la problématique de la dissertation


[1] Épreuve dite de « questions contemporaines ».

[2] La mort, par exemple.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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