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La condition postmoderne selon Jean-François Lyotard

La condition postmoderne Jean-François Lyotard

La condition postmoderne est le nouveau paradigme de l’humanité. Jean-François Lyotard pose dans La condition postmoderne (à l’origine un rapport sur le savoir commandé par le gouvernement du Québec) que les hommes sont sortis de la modernité parce qu’ils n’envisagent plus leur destin collectif d’une manière globale. Il a introduit la question du postmodernisme en philosophie, mais le concept s’était d’abord diffusé dans des théories sur l’évolution de l’art.

Le structuralisme

La condition postmoderne présuppose une vision de la modernité. Jean-François Lyotard affirme que la pensée et l’action « modernes » étaient déterminées par le concept de progrès hérité des Lumières (en mettant de côté Rousseau). Plus précisément, elles étaient sous-tendues par la certitude que le développement de la liberté, du savoir, de l’art, et de la technologie profiterait forcément à l’humanité dans son ensemble. Or, c’est ce postulat du progrès général qui fondait les philosophies modernes de l’histoire. Le philosophe définit celles-ci comme de grands récits sous lesquels on ordonnait tous les événements afin de les inscrire dans un cours dont le terme serait la libération de l’humanité tout entière. Ces « métarécits » légitimaient la science moderne : « Quand ce métadiscours [le discours de légitimation de la science] recourt explicitement, explique Jean-François Lyotard, à tel ou tel grand récit, comme la dialectique de l’Esprit, l’herméneutique du sens, l’émancipation du sujet raisonnable ou travailleur, le développement de la richesse, on décide d’appeler « moderne » la science qui s’y réfère pour se légitimer » (La condition postmoderne). Deux discours constituaient tout particulièrement la charpente de la modernité. Le premier est le métarécit de l’émancipation du sujet rationnel dans sa quête d’une société plus juste. Le second est le métarécit hégélien d’une histoire providentielle. Jean-François Lyotard constate cependant que ces deux discours ont perdu leur influence.

Le rôle de l’intellectuel

Jean-François Lyotard élucide la condition postmoderne

La condition postmoderne signe la fin des grands récits. Pour Jean-François Lyotard, la caractéristique essentielle de la postmodernité est que les hommes n’interprètent plus leur destin collectif dans les paradigmes qui donnaient un sens à l’histoire : « En simplifiant à l’extrême, on tient pour « postmoderne » l’incrédulité à l’égard des grands récits. […] La fonction narrative perd ses foncteurs, le grand héros, les grands périls, les grands périples et le grand but » (La condition postmoderne). Le philosophe constate que l’histoire « moderne » — les cinquante années qui précèdent la rédaction du rapport — a invalidé les philosophies modernes de l’histoire sous-tendues par l’idéal d’émancipation de l’humanité. Or, ces philosophies n’avaient pas prévu cette éventualité. Jean-François Lyotard souligne l’écart entre les promesses des métarécits et les bilans observables. L’idéologie des Lumières partait du principe que le développement du savoir entraînerait une meilleure instruction, l’autonomie intellectuelle, la liberté d’expression, et l’aisance ; mais le progrès de la technologie n’a pas apporté plus de liberté, d’éducation, ou d’égalité — seulement plus de sécurité. La prospérité globale et la satisfaction des besoins promises par son discours favorable au capitalisme ne se sont pas produites non plus. Au contraire, le développement des technosciences ne semble plus un progrès, car il déstabilise les hommes. Le récit marxiste a échoué lui aussi, dans la mesure où sa promesse d’égalité a accouché du totalitarisme. Enfin, Jean-François Lyotard considère qu’Auschwitz invalide radicalement l’idée d’une histoire animée par un progrès continu et cumulatif.

Le nouvel ordre écologique selon Luc Ferry

La condition postmoderne change le statut du savoir. Jean-François Lyotard souligne le fait qu’à partir du XXe siècle, les grands récits n’encadrent plus la production de la connaissance. Désormais, le savoir est légitime s’il est scientifique, et non plus narratif. Il doit satisfaire à des conditions prescrites par une autorité scientifique pour être considéré par la communauté scientifique. Dans le détail, il est scientifique si une référence permet de le vérifier ; si des professionnels et des institutions le légitiment ; si le producteur est compétent ; si le résultat reste ouvert à la falsification ; s’il repose sur un savoir antérieur. Dans les faits, observe Jean-François Lyotard, une multiplicité de petits récits, dépourvus de l’ambition de découvrir une vérité unique, ont ainsi remplacé le grand discours unifié de la modernité. La condition postmoderne sépare les domaines de compétence ; elle imperméabilise la science, la politique et l’art. Le savoir n’est plus la boussole du destin, mais un moyen de contrôle — il devient donc une marchandise, un source de profit. « La transmission des savoirs n’apparaît plus, écrit le philosophe, comme destinée à former une élite capable de guider la nation dans son émancipation, elle fournit au système les joueurs capables d’assurer convenablement leur rôle aux postes pragmatiques dont les institutions ont besoin » (La condition postmoderne). Or, ce nouveau statut du savoir nuit au lien social. Jean-François Lyotard conclut que la condition postmoderne implique la fragmentation de la société en des groupes dont les valeurs sont incompatibles.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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