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L’ère du soupçon selon Nathalie Sarraute

L’ère du soupçon est la crise du roman. Nathalie Sarraute explique dans L’ère du soupçon que l’état du genre romanesque au milieu du XXe siècle est l’aboutissement d’une évolution qui a créé de la distance entre l’auteur et le lecteur, au point qu’ils ne savent plus ce qu’ils attendent l’un de l’autre. Mais cette crise qui plonge le romancier dans l’inconnu est pour lui l’opportunité de réinventer son art.

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L’ère du soupçon vise les personnages traditionnels. Nathalie Sarraute part du constat selon lequel le roman traditionnel repose sur une convention implicite entre les auteurs et les lecteurs : ces derniers veulent pouvoir s’identifier à des personnages réalistes qui éprouvent des sentiments courants quand ils agissent au cours d’une succession d’intrigues. Mais le personnage a progressivement disparu depuis le XIXe siècle, et le phénomène s’est exacerbé dans la première partie du XXe siècle. Le diagnostic de Nathalie Sarraute est que cette évolution traduit une méfiance réciproque de l’auteur et du lecteur. « Elle témoigne, avance la femme de lettres, à la fois chez l’auteur et chez le lecteur, d’un état d’esprit singulièrement sophistiqué. Non seulement ils se méfient du personnage de roman, mais, à travers lui, ils se méfient l’un de l’autre. Il était le terrain d’entente, la base solide d’où ils pouvaient d’un commun effort s’élancer vers des recherches et des découvertes nouvelles […] Quand on examine sa situation actuelle, on est tenté de se dire qu’elle illustre à merveille le mot de Stendhal : « le génie du soupçon est entré dans le monde ». Nous sommes entrés dans l’ère du soupçon » (L’ère du soupçon). Comme le lecteur se méfie désormais de l’imagination de l’écrivain, celui-ci n’ose plus reconnaître qu’il invente. Nathalie Sarraute estime ainsi que le récit à la première personne sert à apaiser cette méfiance.

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Nathalie Sarraute voit l’ère du soupçon accoucher d’un nouveau roman

L’ère du soupçon valorise le roman psychologique. Nathalie Sarraute affirme en effet que la solution que le romancier a trouvée pour renouveler l’intérêt du lecteur est de concentrer son attention sur le monde intérieur du personnage, plutôt que sur le monde extérieur. Dès lors, l’écrivain décrit les sentiments du protagoniste au détriment de l’intrigue. Cela requiert, sur le plan de la technique littéraire, de recourir à des procédés d’introspection. Dostoïevski a été un précurseur dans la seconde moitié du XIXe siècle avec ses personnages mystérieux et torturés dont il analyse les états intérieurs. Nathalie Sarraute évoque également les descriptions psychologiques poussées des personnages de Proust. Si elles demandent au lecteur de réfléchir plutôt que de se laisser aller à son imagination, cet effort est récompensé par une expérience plus profonde. Cependant, de tels procédés ne paraissent plus efficaces au milieu du XXe siècle : « cette crise de ce qu’on nomme avec une certaine ironie, en le plaçant entre guillemets comme entre des pincettes, « le psychologique », née, semble-t-il, de la condition de l’homme moderne, écrasé par une civilisation mécanique, « réduit, selon le mot de Mme Cl. Edm. Magny, au triple déterminisme de la faim, de la sexualité, de la classe sociale : Freud, Marx et Pavlov », semble avoir marqué cependant, pour les écrivains comme pour les lecteurs, une ère de sécurité et d’espoir » (L’ère du soupçon). Pour Nathalie Sarraute, la crise du roman psychologique appelle à réinventer une nouvelle fois le genre romanesque.

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L’ère du soupçon doit aboutir à un nouveau roman. Nathalie Sarraute étudie l’évolution des procédés romanesques (le travail des personnages, les descriptions des états intérieurs, l’articulation des dialogues et des paroles) afin de proposer des pistes permettant de révolutionner le genre littéraire. Elle considère que le romancier doit absolument s’émanciper des techniques conventionnelles du passé, et que la sincérité, la vie et la liberté doivent l’inspirer dans sa quête de nouvelles techniques. Elle invite par exemple le romancier à s’inspirer des innovations de Dostoïevski. « Le soupçon, écrit Nathalie Sarraute, qui est en train de détruire le personnage et tout l’appareil désuet qui assurait sa puissance, est une de ces réactions morbides par lesquelles un organisme se défend et trouve un nouvel équilibre. Il force le romancier à s’acquitter de ce qui est, dit Philip Toynbee, rappelant l’enseignement de Flaubert, « son obligation la plus profonde : découvrir de la nouveauté », et l’empêche de commettre « son crime le plus grave : répéter les découvertes de ses prédécesseurs » » (L’ère du soupçon). Certaines évolutions sont déjà en cours au milieu du XXe siècle. Ainsi, le dialogue est de plus en plus important, au point qu’il tend à remplacer l’action. Il permet au romancier de rendre son propos vivant et original tout en exprimant les mouvements intérieurs des personnages. Or, le texte a intérêt à retranscrire fidèlement la continuité de l’expérience psychologique. C’est pourquoi Nathalie Sarraute plaide pour une adaptation de la ponctuation à cette évolution du genre romanesque.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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