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La fin des paysans selon Henri Mendras

La fin des paysans est une fatalité. Henri Mendras prédit dans La fin des paysans que la disparition de la paysannerie française se poursuivra jusqu’à ce que les campagnes n’abritent plus que des agriculteurs-producteurs intégrés au capitalisme moderne et adhérant aux valeurs de la modernité citadine. Paru à la fin des années 1960, son livre de sociologie est le fruit de 15 années d’enquêtes dans la ruralité française.

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La fin des paysans est une crise d’identité. Henri Mendras analyse un fait bien sensible à la fin des Trente Glorieuses, la transition des sociétés paysannes. Alors qu’elles n’avaient pas changé depuis la fin du XVIIIe siècle, elles subissent dans les années 1960 une transformation encore plus radicale que celle qui traverse la société urbaine. Les enquêtes d’opinion mettent en évidence un « malaise paysan ». Or, ce malaise est identitaire : les paysans, autrefois majoritaires dans la population française, représentent de moins en moins un groupe social distinct, avec ses valeurs, ses traditions et son mode de vie. « Ni une juxtaposition de petites sociétés autonomes, ni une classe, les producteurs agricoles seront simplement, anticipe Henri Mendras, un groupe professionnel parmi d’autres avec leurs particularités et leurs intérêts propres » (La fin des paysans). Cette évolution a plusieurs causes. En premier lieu, la mutation de la production agricole réduisant les besoins en main-d’œuvre, elle a entraîné la migration de la population rurale vers les villes. Ensuite, les anciennes structures sociales des communautés rurales disparaissent progressivement. Les coopératives agricoles et les syndicats remplacent la famille élargie, le village ou la paroisse. Sur le plan des mentalités, enfin, Henri Mendras ajoute que les valeurs paysannes traditionnelles, telles que l’attachement à la terre, les valeurs religieuses, et la valorisation d’une relative autarcie — ces valeurs traditionnelles laissent place aux valeurs de la modernité.

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Henri Mendras lie la fin des paysans au recul de la tradition

La fin des paysans est l’issue probable du progrès technique. Henri Mendras met en évidence le fait que les sociétés paysannes ont très peu innové au cours de leur histoire. L’évolution des techniques de production agricole est d’ordinaire provoquée de l’extérieur, ou bien elle est le fait d’individus qui font figure d’exceptions. L’agriculture traditionnelle se caractérise donc par une certaine résistance à l’innovation, laquelle est le principe moteur de la société industrielle. Cette résistance s’explique par l’intrication des techniques agricoles et des rapports sociaux. Dès lors, les paysans voient dans une transformation de leur mode de production une probable transformation de leur vie sociale, c’est-à-dire qu’ils perçoivent dans le progrès économique une potentielle régression sociale. Henri Mendras donne l’exemple de l’introduction du maïs hybride (d’origine américaine) dans un canton des Basses-Pyrénées. L’évidente supériorité économique du nouvel épi et l’accroissement considérable de productivité du mode de production associé n’empêchent pas les réactions de défense des paysans. De fait, ils entrevoient, eux toutes les conséquences qu’emporte l’innovation : investissements en semence, en engrais, en machines, nécessaire croissance de la main-d’œuvre, recours à la spécialisation et à l’endettement. Le paysan est donc « désorienté, décrit le sociologue, par une innovation qu’on lui présente sans conséquence sociale, alors qu’il entraperçoit l’aboutissement ultime dans un bouleversement complet de son système de vie » (La fin des paysans). L’adoption des innovations remet en cause la forme de l’entreprise familiale traditionnelle. Henri Mendras en conclut que la modernisation de l’agriculture menace un mode de vie.

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La fin des paysans est la fin d’une civilisation. Henri Mendras avance en effet que la civilisation technicienne est en train de remplacer la civilisation paysanne. Cette substitution se concrétise dans la substitution d’un métier, agriculteur, à un état et un mode de vie, celui de paysan. Naître, travailler et mourir paysan devient un destin marginal, car la société rurale s’intègre de plus en plus dans la société urbaine. Autrefois activité de subsistance, l’agriculture est désormais une activité commerciale gouvernée par la rationalité capitaliste. Les exploitants traditionnels qui refusent de jouer le jeu des marchés national et internationaux disparaîtront par la force des choses. En apparence économique, la mutation est plus profondément civilisationnelle : c’est la victoire des forces du progrès sur celles de la tradition. Henri Mendras estime même que « c’est le dernier combat de la société industrielle contre le dernier carré de la civilisation traditionnelle » (La fin des paysans). Le fait que le changement provienne des nouvelles générations de la paysannerie renforce la thèse du sociologue. En France, en effet, la révolution des techniques et des mentalités — ce qui, dans l’histoire de France, avait été l’affaire des élites sociales, les nobles, puis les notables — la révolution est impulsée par des organisations de « jeunes agriculteurs » comme la J.A.C. (Jeunesse Agricole Catholique). Même l’Église catholique, jadis une force conservatrice, accompagne maintenant la nouvelle rationalité économique. Henri Mendras précise cependant que la situation est contrastée : si les mutations affectent fortement certaines régions paysannes, d’autres résistent bien.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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