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La grande transformation selon Karl Polanyi

La grande transformation Karl Polanyi

La grande transformation a remis en cause la civilisation du XIXe siècle. Dans La Grande Transformation, Karl Polanyi étudie les ressorts de la fin de la « paix de cent ans » (1815-1914) pendant laquelle la relative harmonie des civilisations occidentales reposait sur l’équilibre des puissances, l’étalon-or, le marché autorégulateur et l’État libéral. Les décennies consécutives à la Première Guerre mondiale ont précipité la décadence de l’économie de marché, ou la « grande transformation ».

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La grande transformation révèle la dimension artificielle du marché autorégulateur. Karl Polanyi affirme que l’économie de marché n’est pas inscrite dans la nature humaine, car elle a été construite au cours de l’histoire des sociétés et elle n’a été identifiée comme un phénomène que depuis le début du XIXe siècle. En réalité, le marché a été abusivement confondu avec le commerce, alors qu’il ne constitue qu’une forme de commerce parmi d’autres – comme la réciprocité (dans le don), la redistribution (par un centre de production), ou l’administration domestique (comme dans les économies autarciques) qui ont prévalu en Europe jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Karl Polanyi montre ainsi que « le marché généralisé n’a pas existé en tous lieux et à toutes époques » (La Grande Transformation). D’un point de vue historique, il n’apparaît pas du tout comme l’aboutissement naturel des commerces locaux, intérieurs ou extérieurs. D’un point de vue anthropologique, l’homme n’a pas été de tout temps caractérisé par un penchant à l’échange – l’image de l’homo œconomicus est née du travail idéologique d’une classe de commerçants soutenue par l’État. Pour Karl Polanyi, dans les faits, l’économie a toujours été « encastrée » dans la société, au sens où les relations matérielles étaient subordonnées aux relations humaines. Le désencastrement s’est produit lorsque toutes les marchandises – et notamment le travail, la terre et la monnaie – ont été soumises à la logique marchande.

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Karl Polanyi décrit comment la grande transformation a renversé l’économie de marché

La grande transformation résulte de la réaction de la société aux lois du marché. Karl Polanyi décrit comment l’extension du marché s’est accompagnée d’un contre-mouvement visant à la limiter. Si cette réaction était plutôt le fait de certaines classes sociales (notamment les propriétaires terriens et les travailleurs), les libéraux y ont paradoxalement eux-mêmes contribué dans une certaine mesure, à la fois pour assurer le libre fonctionnement du marché et sauver celui-ci de ses propres excès. Les principaux risques inhérents à la libération du marché sont par exemple la baisse des prix agricoles par le libre-échange ; plus généralement, la concurrence étrangère, la volatilité des prix et de la monnaie. Cependant, la progression du marché a surtout constitué un choc culturel. « [L’utopie du marché] ne pouvait exister de façon suivie, écrit Karl Polanyi, sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire l’homme et sans transformer son milieu en désert » (La Grande Transformation). En laissant les travailleurs dans la précarité, le marché autorégulateur a compromis la dimension humaine de la société ; c’est pourquoi ce sont les classes moyennes et les aristocrates paternalistes – et non pas la classe ouvrière – qui ont agi en faveur de la réglementation. Karl Polanyi émet donc l’hypothèse que ce sont les mouvements de protection sociale et territoriale, plutôt que le marché, qui sont les émanations spontanées de la population.

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La grande transformation doit aboutir à la fin de l’économie libérale. Karl Polanyi décrit comment les excès de celle-ci ont donné suffisamment d’ampleur à ses contre-mouvements pour causer l’effondrement du modèle qui s’était imposé au XIXe siècle. Cette évolution a détruit l’équilibre international en renversant de nombreux régimes démocratiques nationaux et en engendrant les deux guerres mondiales. L’historien considère que la crise de 1929 est le point de basculement dans la grande transformation que constitue la mort du libéralisme. Sur le plan économique, l’intervention de l’État était désormais indispensable pour remédier aux dérèglements du marché et le rétablir dans son équilibre initial. « Peut-on, s’interroge Karl Polanyi, construire une société industrielle en dehors de l’institution du marché ? C’est possible, en mettant le travail, la terre et la monnaie hors marché, i.e. en fixant leur valeur par des mécanismes de négociation entre les partenaires sociaux et l’État, en dehors des mécanismes de marché. » (La Grande Transformation). Dans cette perspective, les totalitarismes fascistes et communistes se comprennent comme des projets volontaristes pour réencastrer l’économie dans la société. Ils n’étaient donc pas des manifestations fortuites, mais constituaient des solutions adaptées aux besoins de situations objectives. En particulier, Karl Polanyi explique l’avènement du fascisme par la nécessité, dans une crise générale, de conserver le capitalisme et l’ordre social tout en renonçant à l’utopie du marché autorégulateur, et plus fondamentalement à la liberté.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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