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Homo sovieticus selon Alexandre Zinoviev

Homo sovieticus a différents visages. L’écrivain russe Alexandre Zinoviev popularise le concept dans les années 1980 en mettant en évidence dans Homo sovieticus le fossé entre, d’une part, la mentalité imaginée par l’utopie communiste et, d’autre part, la mentalité réelle, problématique à divers égards, du citoyen de l’Union soviétique. Il avait pourtant cru, lui aussi, à la purification de la psychologie individuelle par l’abandon du capitalisme.

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Homo sovieticus est l’idéal d’un homme nouveau. Il incarne plus précisément l’objectif idéologique du Parti communiste de la Russie soviétique. En effet, l’édification de la société égalitaire imaginée par Marx et Engels requiert de transformer la mentalité de l’homme ordinaire en la purgeant des valeurs bourgeoises propres au système capitaliste (qui constituent des « aliénations » dans la perspective communiste). Cela revient tout particulièrement à imprégner l’esprit individuel par le holisme de la nouvelle société communiste, c’est-à-dire par son principe fondamental selon lequel l’ensemble social a plus de valeur que ses parties prises isolément. Autrement dit, l’Homo sovieticus n’a de sens qu’en tant que membre d’un collectif. Alexandre Zinoviev définit donc l’Homo sovieticus par le rapport entre le microcosme (l’individu) et le macrocosme (la société) : il s’agit d’un nouveau type d’homme universel, élément qui est partie de la totalité en même temps qu’il porte la totalité en lui-même. L’écrivain russe relève la dimension utopique de cette conception : « Il [l’Homo sovieticus] est l’incarnation la plus caractéristique et la plus adéquate de l’essence même de la nouvelle société communiste. Il est le plus haut produit de la civilisation. C’est un surhomme. Un universel. […] Il est une particule de l’univers portant en lui l’univers entier » (Homo sovieticus). Alexandre Zinoviev ajoute que l’Homo sovieticus personnifie la justice sociale et le progrès propres à la société communiste.

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Homo sovieticus est l’homme de la société soviétique. L’idéal de l’homme nouveau de l’utopie communiste a été largement diffusé dans la Russie soviétique par l’école, la presse, la littérature, les réunions politiques, le théâtre, le cinéma, ou encore la peinture, si bien qu’il en est arrivé à imprégner tous les aspects de la vie. Dès lors, l’homme ordinaire de la société soviétique s’est mis à penser qu’il ne peut acquérir ses capacités et réaliser son potentiel qu’au sein du collectif. Il en dépend aussi bien pour son épanouissement que pour obtenir les nécessités de l’existence. Alexandre Zinoviev met en lumière le fait que cette nouvelle mentalité est terriblement conformiste : « Le principal régulateur du comportement des Homo sovieticus est une attitude conformiste, que j’appelle le calcul social » (Homo sovieticus). Concrètement, le conformisme de l’Homo sovieticus se manifeste par son adhésion au contrat non écrit de la société communiste : l’État garantit au citoyen une existence sans problème tant qu’il ne se mêle pas des affaires publiques. Sa loyauté est entretenue, en pratique, par l’obéissance, la peur, et l’habitude. Seulement, ce pacte profondément déresponsabilisant corrompt la moralité de l’homme ordinaire. L’Homo sovieticus ne prend aucune initiative ; il ne se risque à aucun élan de créativité ; il ne reconnaît aucune responsabilité. Alexandre Zinoviev ajoute que les autorités tolèrent même les bassesses individuelles — fainéantise, mensonges, petits vols de biens communs, dégradation de la nature, etc. — tant qu’elles ne remettent pas en cause le système.

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Homo sovieticus survit à la société soviétique. La nouvelle mentalité façonnée par la société communiste était trop bien installée pour disparaître à la chute de l’Union soviétique. De fait, les citoyens eux-mêmes reconnaissaient les paradoxes et la médiocrité de l’attitude sociale propre à leur système politique. Cette attitude perdure (en partie) naturellement dans les anciens pays socialistes : l’absence d’initiative, le manque de fiabilité, la méfiance, la routine, et la recherche de la protection de l’État continuent d’influencer l’évolution économique et politique. Or, la mentalité holiste de l’Homo sovieticus n’est pas du tout adaptée à l’individualisme capitaliste. « L’Homo sovieticus ne doit pas être seul, écrit Alexandre Zinoviev. Parmi les drogues qui l’entravent, il y a aussi la peur de la liberté, de la nécessité, du choix individuel, d’être en dehors du collectif humain » (Homo sovieticus). Le sens de l’expression « Homo sovieticus » a donc évolué : il désigne aujourd’hui la mentalité postcommuniste des anciens citoyens de l’Union soviétique qui se résignent à leur inadaptation psychologique à la nouvelle société. Ces citoyens sont incapables de rompre soudainement avec la mentalité totalitaire soviétique pour adopter une mentalité capitaliste, démocratique, libre et ouverte. En effet, la psychologie de l’Homo sovieticus se caractérise par une grande résistance au changement. Alexandre Zinoviev estime cependant que l’Homo sovieticus n’est pas responsable des problèmes économiques et sociaux engendrés par le passage au capitalisme, car l’inadaptation de la société russe à l’individualisme capitaliste serait en réalité en partie antérieure à l’Union soviétique.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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