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La lecture et les livres selon Schopenhauer

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La lecture est surfaite. Schopenhauer la démystifie dans La lecture et les livres en affirmant qu’elle ne garantit en rien – contrairement à ce que son prestige suggère – une élévation intellectuelle. Autant l’ignorance des pauvres est naturelle, puisque leur détresse les condamne à consacrer toutes leurs pensées à leur survie ; autant l’ignorance des riches est inexcusable et les dégrade au niveau des bêtes.

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Le bénéfice de la lecture dépend du contenu des livres. Par rapport aux souvenirs superficiels de chaque génération, les livres constituent une mémoire fiable de l’humanité. Le problème, s’énerve Schopenhauer, c’est que les gens lisent surtout les mauvais livres. Le monde littéraire conditionne l’élite sociale à lire les écrivains à la mode plutôt que les auteurs profonds. De même, le public préfère toujours les ouvrages de vulgarisation à l’œuvre d’un grand esprit. « Les mauvais livres, dénonce Schopenhauer, accaparent le temps, l’argent et l’attention du public, qui appartiennent de droit aux bons livres et à leur noble destination, tandis qu’eux ne sont écrits qu’en vue de grossir la bourse ou de procurer des places. Ils ne sont donc pas seulement inutiles, ils sont positivement nuisibles » (La lecture et les livres). Le philosophe estime que les neuf dixièmes de la littérature de son époque servent exclusivement l’ambition économique ou sociale des auteurs, des éditeurs et des critiques. À cette littérature apparente et passagère, il oppose une littérature réelle et permanente qui s’enrichit au rythme de seulement douze œuvres par siècle en Europe. Seule la lecture de ces livres, qui sont la quintessence de l’esprit, grandit l’individu. Schopenhauer estime néanmoins que la lecture ne permet pas d’acquérir les dons de l’écrivain, seulement de les faire éclore s’ils sont déjà en nous.

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Schopenhauer démystifie la lecture et les livres

La lecture est nocive si elle est excessive. Schopenhauer, qui était pourtant un grand lecteur, affirme qu’à trop lire, on devient incapable de penser. Comment l’expliquer ? La lecture est en elle-même une forme de pensée : on répète les processus mentaux de l’auteur. Dès lors, on épuise ses ressources intellectuelles si on lit beaucoup, presque toute la journée, et on n’a plus l’énergie pour penser par soi-même. Or, la disparition de l’usage entraîne celle de la faculté. « Une lecture constante, décrit Schopenhauer, immédiatement reprise à chaque moment de liberté, paralyse en effet plus encore l’esprit qu’un travail manuel incessant ; celui-ci, au moins, permet de se livrer à ses propres pensées. De même qu’un ressort finit par perdre son élasticité par suite de la pression continuelle d’un corps étranger, ainsi l’esprit perd la sienne par suite de l’imposition constante de pensées étrangères. Et de même qu’un excès de nourriture gâte l’estomac et nuit à l’organisme tout entier, on peut aussi, par un excès de nourriture intellectuelle, surcharger et étouffer l’esprit » (La lecture et les livres). Ainsi, un grand nombre d’hommes instruits sont paradoxalement des imbéciles parce qu’ils ont lu trop de livres ! L’excès de lecture nuit fondamentalement à la maîtrise du savoir. Le liseur ne parvient plus à assimiler ce qu’il a lu. Schopenhauer compare donc la nourriture intellectuelle à la nourriture matérielle, car on n’assimile qu’une faible proportion de ce qu’on absorbe – les choses lues sont, pour l’essentiel, perdues.

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La lecture est profitable si on lit comme il faut. Schopenhauer recommande tout d’abord de suivre la via negativa. Il existe une quantité infinie de livres et souvent nous en achetons alors que nous n’avons pas le temps de les ouvrir. La priorité est donc de filtrer la production littéraire afin d’élire l’ultra-minorité qui mérite qu’on y investisse nos précieuses heures. « L’art de ne pas lire est des plus importants, pose Schopenhauer. […] Pour lire le bon, il y a une condition : c’est de ne pas lire le mauvais. Car la vie est courte, et le temps et les forces sont limités. On ne peut jamais lire trop peu de mauvaises choses, et jamais assez ce qui est bon » (La lecture et les livres). Les mauvais livres, ce sont les nouveautés qui font du bruit et séduisent le grand public, comme, par exemple, les pamphlets politiques ou religieux, les romans, les poésies, etc. Ils sont un poison intellectuel, ils détruisent l’esprit en l’emprisonnant dans le cercle étroit des idées en circulation. Une fois que le tri est fait, il ne reste plus que les œuvres des grands esprits de toutes les époques et de tous les pays, ceux qui s’élèvent au-dessus du restant de l’humanité. Ainsi, la lecture des classiques est excellente pour l’esprit, d’un profit supérieur à celui de n’importe quelle conversation. Schopenhauer conseille donc de se plonger attentivement dans les Anciens et de lire une seconde fois les meilleurs livres.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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