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La nature naturante et la nature naturée selon Spinoza

Nature naturante nature naturée Spinoza

La nature naturante et la nature naturée est une théorie métaphysique. Spinoza présente cette distinction à plusieurs reprises dans son œuvre, notamment dans le scolie de la proposition 29 de la première partie de L’Éthique. L’opposition des deux natures est devenue un marqueur de la philosophie spinoziste alors même qu’elle n’y apparaît que de manière limitée et que son sens est en partie énigmatique.

Le désir selon Spinoza

La nature naturante et la nature naturée forment une opposition classique. Si Spinoza mentionne ces deux conceptions de la nature dans L’Éthique — où il y a très peu recours — il ne les invente pas. En effet, la distinction est héritée de la scolastique, le système académique lié à l’Église médiévale. Elle servait alors à mettre en évidence l’existence d’un esprit organisateur à la source de la création (Thomas d’Aquin, par exemple, nomme parfois Dieu Natura naturans). En d’autres termes, l’opposition de la nature naturante et de la nature naturée était une manière jargonnante de désigner le couple formé par Dieu le créateur (la nature naturante) et ses créatures (la nature naturée). Dans le détail, les penseurs médiévaux caractérisaient la distinction entre Dieu et le monde sous deux angles : 1° l’angle de la causalité, et 2° l’angle de la matérialité. Du point de vue de la causalité, Dieu est une cause intelligente — il suit un dessein —, et le monde est l’effet de cette cause. Du point de vue de la matérialité, la divinité est une substance immatérielle, tandis que le monde est composé de substances matérielles. Or, Spinoza ne reprend pas cette théorie antérieure de l’opposition la nature naturante et la nature naturée. Il modifie profondément le sens et la relation des deux concepts afin de les intégrer à son système philosophique.

La nature des choses selon Lucrèce

Spinoza lie la nature naturante et la nature naturée

La nature naturante (natura naturans) est le principe créateur. Ainsi, Spinoza distingue tout d’abord dans L’Éthique une conception active de la nature : celle-ci est un principe d’engendrement des choses. C’est par exemple dans ce sens que, dans le langage courant, on dit vouloir « pénétrer les secrets de la nature », c’est-à-dire découvrir les lois qui engendrent et régissent le monde. Mais comment caractériser la nature comme principe créateur ? Spinoza donne une définition plus précise de la nature naturante : « […] par nature naturante, on doit entendre ce qui est en soi et est conçu par soi, ou bien les attributs de la substance qui expriment une essence éternelle et infinie, c’est-à-dire (par le corollaire 1 de la proposition 14 et le corollaire 2 de la proposition 16) Dieu, en tant qu’on le considère comme cause libre » (L’Éthique). Dans cet extrait, le philosophe caractérise la nature naturante par la substance, laquelle est unique, infinie, éternelle et libre. Ces propriétés permettent d’identifier la substance et la divinité. Seulement, il ne s’agit pas d’une conception classique de la divinité. Celle-ci n’est ni un Dieu personnel, ni un Dieu transcendant — elle n’est pas la force qui a créé la nature, mais la nature elle-même. Par conséquent, la nature naturante, qui est la cause de toutes choses, est Dieu lui-même. C’est dans cette perspective que Spinoza identifie Dieu à la nature (ce qu’il exprime par l’expression latine Deus sive natura, « Dieu ou la nature »).

Le premier moteur immobile d’Aristote

La nature naturée (natura naturata) est la totalité des choses. Spinoza met en évidence dans L’Éthique une autre conception, cette fois-ci passive, de la nature : celle-ci correspond de ce point de vue à l’ensemble des créations de la nature naturante. C’est notamment dans ce sens que, dans le langage courant, on emploie le mot « nature » pour désigner le monde physique avec ses aspects divers, mers, montagnes, bois, champs, rivières (en général par opposition aux villes). Mais comment caractériser la nature comme un ensemble de créations ? Spinoza donne une définition plus précise de la nature naturée : « Par Nature naturée, j’entends tout ce qui suit de la nécessité de la nature de Dieu, autrement dit de la nécessité de chacun des attributs de Dieu, c’est-à-dire tous les modes des attributs de Dieu en tant qu’ils sont considérés comme des choses qui sont en Dieu, et qui ne peuvent ni être, ni être conçues sans Dieu » (L’Éthique). Dans cet extrait, le philosophe définit la nature naturée comme l’ensemble des modes des attributs de Dieu, c’est-à-dire des modes de la substance. Tous les corps, tout ce qui existe constitue dans cette perspective des modes de la substance. Cette explication éclaircit la relation entre la nature naturée est la nature naturante : la nature naturée n’est pas libre, car elle procède de la nature naturante. Spinoza précise que la nature naturante agit d’une manière continue et constante à l’intérieur de la nature naturée.

Les preuves de l’existence de Dieu de Saint-Thomas d’Aquin

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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