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L’enracinement selon Simone Weil

L’enracinement fait partie de la condition humaine. Simone Weil affirme dans L’enracinement que l’épanouissement de l’individu dépend de son rapport, culturel et spirituel, au milieu dans lequel il évolue. Écrivant en 1943, la philosophe (membre de la Résistance française) propose un projet de civilisation pour la France et l’Europe qui seront à reconstruire après la guerre.

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L’enracinement est un besoin humain fondamental. Simone Weil compare l’homme à une plante, dont l’existence dépend d’un milieu nourricier. La racine d’une plante est l’organe souterrain qui lui permet de se fixer au sol afin d’y puiser les éléments nécessaires à sa survie et à son développement. La survie de l’être humain est souvent réduite à la satisfaction de ses besoins physiques, mais son épanouissement tient à la satisfaction d’autres besoins, ceux de l’âme. Or, parmi ceux-ci, le besoin d’enracinement est aussi essentiel qu’ignoré. L’homme est un être profondément social qui a besoin de s’enraciner dans un milieu nourricier, c’est-à-dire dans une collectivité. « Un être humain, explique Simone Weil, a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certain trésors du passé et certains pressentiments d’avenir » (L’enracinement). Dans le détail, la collectivité ne correspond ni à la société ni à l’État, qui ont été corrompus par le pouvoir et l’argent. Le milieu nourricier de l’individu moderne, celui qui l’ancre dans une terre, une culture, et une histoire, c’est la nation. Concrètement, l’homme s’y enracine par le travail, qui définit sa fonction dans la communauté. Le travail tel qu’organisé par le capitalisme industriel place certes les individus dans des rapports de servitude. Mais Simone Weil pose qu’il a dans l’absolu une valeur spirituelle qui contribue à l’enracinement.

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Simone Weil développe un plan d’enracinement

Le déracinement menace les sociétés humaines. Simone Weil estime que les Français de son époque — en particulier les travailleurs — sont profondément déracinés. La première cause en est la défaite militaire, puis l’occupation allemande. Paradoxalement, cette situation engendre une crise identitaire aiguë qui crée l’opportunité d’une refondation de la nation française, afin que les compatriotes s’y enracinent. « La patrie n’est jamais aussi belle, avance la philosophe, que sous l’oppression d’un conquérant, si on a l’espoir de la revoir intacte » (L’enracinement). Cependant, le déracinement des Français n’a pas commencé en 1940. Pour Simone Weil, il s’explique d’abord par la Révolution française. En effet, elle a brutalement transformé la nation, un milieu nourricier, en l’État, une machine au service du pouvoir, ce qui a privé les citoyens de l’attachement affectif patriotique qui les liait à leur collectivité. Les révolutionnaires ont choisi de faire table rase du passé, alors qu’ils auraient pu inscrire leur action politique dans la tradition révolutionnaire française qui s’était construite depuis la fin du Moyen Âge. Le déracinement des Français résulte également de l’industrialisation de l’économie par la spécialisation. Cette transformation a fait du travailleur un esclave aux ordres des concepteurs du processus de production. Son travail ne l’enracine plus dans sa communauté, il le déracine. Le problème fondamental est que le déracinement entraîne les hommes à s’asservir les uns les autres. Simone Weil condamne le déracinement comme « la plus dangereuse des maladies des sociétés humaines ».

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L’enracinement fonde un projet politique. Simone Weil imagine de réorganiser la société à partir de la condition ouvrière. Elle estime que la révolution soviétique n’a pas réussi dans la mesure où son système repose, comme le capitalisme, sur l’industrialisation, et où il n’a pas rendu aux travailleurs leur dignité. À ses yeux, ni le modèle capitaliste ni le modèle socialiste ne permettent d’enraciner les ouvriers en tenant compte de leur histoire. Pour réussir cela, elle préconise d’abolir les grandes usines ; de confier les machines à de minuscules ateliers ; et d’offrir à chaque ouvrier une demeure et un lopin de terre. Son plan d’enracinement comporte également un programme d’éducation qui enseigne aux membres de la communauté à aimer leur passé sans s’y réfugier. Fondamentalement, l’objectif est de réenraciner l’homme par le travail. Ce plan « aurait pour orientation, écrit Simone Weil, non pas, selon la formule qui tend aujourd’hui à devenir à la mode, l’intérêt du consommateur — cet intérêt ne peut être que grossement matériel — mais la dignité de l’homme dans le travail, ce qui est une valeur spirituelle » (L’enracinement). Le réenracinement passe par une révolution spirituelle qui ferait reconnaître à chacun les liens qui l’unissent aux autres êtres humains. En pratique, il faut revenir à une civilisation préindustrielle qui enracine les hommes par la religion, la spiritualité, ainsi qu’un travail manuel valorisant. Simone Weil admire le modèle de la cité grecque, qui accomplit un degré élevé d’harmonie entre les individus et la communauté.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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