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L’utilitarisme selon John Stuart Mill

L’utilitarisme est une morale. Dans L’utilitarisme, John Stuart Mill raffine la définition de la morale de la tradition utilitariste en dépassant le calcul des plaisirs et des peines de Jeremy Bentham (qui était un ami du père de Mill). Il défend toujours l’originalité de l’utilitarisme, mais sans le réduire à une logique implacable.

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L’utilitarisme vise le bonheur du plus grand nombre. John Stuart Mill justifie ce principe en distinguant la morale utilitariste d’autres formes de morale. En premier lieu, il refuse de faire reposer la moralité d’une action sur l’intention qui la motive, car cette idée implique qu’une action morale puisse avoir des effets désastreux. Il n’est pas non plus convaincu par l’idée qu’agir moralement consiste, pour l’homme, à suivre son intuition morale, c’est-à-dire un sens du bien et du mal inné. Pour sa part, il ne cherche pas à identifier une loi morale générale qui permette, à l’instar de l’impératif catégorique de Kant, de déduire la moralité ou l’immoralité de toutes les actions particulières. Mill part du principe que la morale vise par définition le bien. Or, le bien réside dans le bonheur. Dès lors, en tant que système de valeurs qui régit la vie collective, la morale doit viser le bonheur du plus grand nombre. « La croyance qui accepte, avance le philosophe, comme fondement de la morale, l’utilité ou principe du plus grand bonheur, tient pour certain que les actions sont bonnes en proportion du bonheur qu’elles donnent, et mauvaises si elles tendent à produire le contraire du bonheur. Par bonheur on entend plaisir ou absence de souffrance ; par malheur, souffrance et absence de bonheur » (L’utilitarisme). Mill fait donc reposer la moralité d’une action sur l’appréciation de ses conséquences.

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John Stuart Mill renouvelle l’utilitarisme

L’utilitarisme doit valoriser la dimension qualitative du bonheur. Si Mill s’inscrit dans la tradition utilitariste en posant l’utilité (la qualité d’une chose qui sert la survie ou le bien-être) comme critère d’appréciation des actes, il s’écarte toutefois de la tradition utilitariste (et tout particulièrement de Bentham) en discriminant les plaisirs selon la qualité. L’utilitarisme est souvent caricaturé comme une doctrine qui justifie la satisfaction par l’individu de ses tendances animales. Or, le bonheur ne se réduit pas à l’accumulation des jouissances. Sa définition demande de distinguer, parmi les plaisirs, d’une part, ceux qui sont produits par l’exercice des facultés supérieures de l’homme, et d’autre part ceux qui sont produits par l’exercice des facultés inférieures. Mill estime ainsi que les plaisirs intellectuels ont plus de valeur que les plaisirs physiques : « À côté de l’égoïsme, ce qui rend la vie peu satisfaisante, c’est le manque de culture intellectuelle. Un esprit cultivé, et j’entends par là non un philosophe, mais un homme à qui sont ouvertes les sources du savoir et qui sait jusqu’à un certain point se servir de ses facultés, trouve des sources d’intérêt inépuisable dans tout ce qui l’entoure. Les choses de la nature, de l’art, les inventions de la poésie, les incidents de l’histoire, le passé de l’humanité, son avenir, tout peut l’intéresser » (L’utilitarisme). Dans cette perspective, une personne pauvre qui s’épanouit intellectuellement est plus heureuse qu’une personne qui mène une vie confortable et terne. Mill lie donc le bonheur aux plaisirs supérieurs.

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L’utilitarisme peut fonder la justice. Pour Mill, la morale utilitariste fait reposer les relations entre les individus sur la rationalité. Ses règles sont acquises (et non pas innées), mais elles s’imposent dans la conscience individuelle parce que chacun souhaite vivre en harmonie avec ses semblables. Chacun comprend les conditions qui rendent possible la coopération de tous : il faut suivre son propre intérêt sans empêcher autrui de faire de même ; et il faut que les décisions qui concernent le destin collectif prennent en compte les intérêts de tous. Ainsi, la justice utilitariste implique forcément l’absence de privilèges et l’égalité des droits. Elle protège le droit individuel parce que cela sert la survie et le bien-être de la société tout entière. « Avoir un droit, écrit Mill, c’est avoir quelque chose dont la société doit me garantir la possession. Si on me demande pourquoi la société doit me le garantir, je n’ai pas de meilleure raison à donner que celle de l’utilité générale » (L’utilitarisme). En particulier, dans la conception utilitariste de la justice, cela doit être l’utilité générale, et non pas le désir animal de revanche, qui légitime la punition d’une action injuste. Le philosophe est cependant conscient que le critère de l’utilité générale ne permet pas, à lui seul, de définir toutes les configurations particulières de l’organisation sociale qui satisfont à la justice. À ses yeux, c’est la protection de l’intérêt individuel qui est prioritaire. Mill voit donc dans l’utilité générale le second principe fondateur du droit.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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