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Le visage selon Lévinas

visage Lévinas Éthique et infini

Le visage est la clef de l’intersubjectivité. Dans Éthique et infini, Lévinas caractérise celle-ci par la capacité à ressentir, ne serait-ce que l’espace d’un instant, l’extrême vulnérabilité d’un visage. Cette expérience conduit au renversement du schéma de la morale kantienne : la finalité de la morale n’est pas que le sujet devienne, grâce à la raison, la source de ses propres règles ; la morale naît au contraire de la rencontre d’autrui.

La critique de la raison pratique

La vulnérabilité du visage est une expérience fondamentale. Lévinas conçoit le visage comme toute partie de chair à travers laquelle l’homme apparaît comme vulnérable et exposé à la violence – dans cette perspective, la nuque appartient au visage. Saisir cette partie de chair dans sa nudité essentielle, c’est-à-dire comme révélatrice d’une vulnérabilité et au-delà de ses particularités, est une dimension constitutive de l’existence humaine. En effet, composé de multiples caractéristiques (couleur des yeux, forme du nez, de la bouche, etc.), le visage ne peut pas être véritablement décrit en lui-même – il se résume donc plutôt à l’expression, sans paroles explicites, de la vulnérabilité du sujet. « La peau du visage, décrit Lévinas, est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée. La plus nue, bien que d’une nudité décente. La plus dénuée aussi : il y a dans le visage une pauvreté essentielle ; la preuve en est qu’on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, une contenance » (Éthique et infini). Le regard a une importance particulière dans cette expérience, dans la mesure où l’observation de la couleur des yeux dépasse la relation sociale. Pour Lévinas, le visage est en fait une métaphore concentrant plusieurs phénomènes : la perception et la connaissance ; la production d’un sens dépourvu de contexte ; ou encore, la coexistence de l’invitation à tuer et de l’interdiction de le faire.

La conscience selon Husserl

Selon Lévinas, le visage révèle le primat de l’éthique

Le visage est le médiateur de la relation à autrui. Lévinas affirme que le visage suscite spontanément, à l’observation, une exigence de réponse, d’aide, et de soutien. Ainsi, le sujet doit se confronter à l’autre pour sortir du vide métaphysique qui le hante – il faut donc qu’il existe pour autrui. Il risque pourtant bien de rater cette expérience de l’altérité, par la connaissance, qui est réduction et assimilation de l’inconnu ; par le besoin, où la recherche de la complétude exprime un égoïsme fondamental ; ou par le pouvoir, également réducteur des différences. Pour ce faire, il doit renoncer à décrire autrui pour entrer en relation avec lui. « C’est lorsque vous voyez un nez, explique Lévinas, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet. La meilleure manière de rencontrer autrui, c’est de ne même pas regarder la couleur de ses yeux » (Éthique et infini). Le philosophe définit donc la subjectivité comme un accueil de l’altérité. Ce faisant, la relation à autrui est asymétrique : le sujet ne peut pas en attendre la réciprocité ; il doit au contraire prendre le risque d’agir – même au péril de sa vie – sans connaître à l’avance la réaction de l’autre ; de s’ouvrir à l’autre, lequel peut l’envahir par-delà ses propres limites. Lévinas renouvelle par-là la conception de la subjectivité en en soulignant le caractère obligatoire, et non choisi.

L’être et le néant selon Sartre

Le visage recèle une dimension éthique. Pour Lévinas, voir le visage de l’autre fait naître chez le sujet le puissant sentiment d’une responsabilité. Dès lors, cette observation a spontanément une charge éthique, dans la mesure où le dénuement du visage crée une obligation. Par exemple, la nécessité impérieuse de parler en présence d’autrui signifierait, sur le plan symbolique, l’acceptation de la responsabilité de l’interlocuteur. L’expérience du visage étendrait donc à tout homme le devoir de responsabilité que l’homme éprouve naturellement envers ses proches. Tout son rapport au monde découle de cette expérience fondamentale ; c’est pourquoi Lévinas conçoit l’éthique comme le nécessaire point de départ de la philosophie. Par conséquent, la morale n’est pas à comprendre comme le contrôle de la sensibilité par la raison, mais comme un événement, voire un traumatisme de la sensibilité même. Cette responsabilité à l’égard d’autrui s’imposant avant toute décision libre, elle tient le sujet en otage, malgré ses tentatives de justifier rationnellement son refus de s’impliquer. Incarnant la loi morale dans la figure d’autrui, cette éthique définit le sujet en même temps qu’elle le dépossède de sa souveraineté et de sa liberté. « La responsabilité, pose Lévinas, est ce qui exclusivement m’incombe et que humainement, je ne peux refuser. Cette charge est une suprême dignité de l’unique. […] Telle est mon identité inaliénable de sujet » (Éthique et infini). Assimilée à une exigence de sainteté, cette exigence de responsabilité constitue une éthique infinie.

Les sentiments moraux selon Adam Smith

 

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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