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Le premier moteur immobile d’Aristote

Le premier moteur est un concept métaphysique. Dans sa Métaphysique, Aristote cherche l’origine du mouvement et du changement à l’œuvre dans l’univers en théorisant la réalité sous la forme d’un enchaînement de causes et d’effets. Cette perspective le conduit, en remontant la chaîne causale, à l’idée d’une cause première que les monothéismes assimileront à leur conception de Dieu.

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Le premier moteur explique l’éternité du mouvement. Aristote veut élucider le fait que l’univers est éternel et qu’il change éternellement. S’il explique les changements qui se produisent constamment sur terre par les mouvements des corps célestes, il ignore ce qui engendre le mouvement éternel de ces corps. Logiquement, la source de cet engendrement ne peut pas être elle-même en mouvement, ou bien subir elle-même un changement. Si c’était le cas, alors elle aurait elle-même une cause à son mouvement ou à son changement — on pourrait ainsi remonter de l’effet à la cause dans une série infinie et ne jamais atteindre une cause première. Aristote en conclut donc que l’éternité du mouvement est causée par un premier moteur qui déplace tout ce qui est en mouvement sans lui-même se déplacer ni lui-même être déplacé : « L’être qui imprime ce mouvement, c’est le moteur immobile » (Métaphysique). Le philosophe précise que cet être engendre le mouvement en étant attractif, et non pas propulsif. Cet effet est comparable à celui d’une présentation ou d’un message publicitaire placé dans la vitrine qui attire les clients dans le magasin. Autrement dit, le premier moteur immobile est une cause attractive ou finale. Or, une telle cause opère sur des intelligences qui peuvent répondre à l’attraction. Aristote considère donc que les corps célestes disposent d’intelligences qui les maintiennent en mouvement en étant attirées par le moteur principal de l’univers.

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Aristote met en évidence la divinité du premier moteur

Le premier moteur est Dieu. Aristote parvient à cette conclusion en étudiant plus profondément les propriétés de la cause première du mouvement éternel de l’univers. Il pose tout d’abord que le premier moteur immobile est forcément immuable — c’est-à-dire à l’abri du changement — du fait de son immobilité et de son éternité. Or, pour être immuable, une chose doit être immatérielle. En revanche, une chose matérielle a par définition des potentialités : elle peut subir un changement ou un mouvement. Cela implique qu’elle est également imparfaite dans la mesure où elle n’est jamais tout ce qu’elle peut être. Aristote pousse sa réflexion sur l’immuabilité du premier moteur en s’intéressant au rapport entre la matière et la forme. Une chose matérielle qui a des potentialités a forcément une forme, tandis qu’une forme peut exister indépendamment de la matière : c’est ce qu’Aristote appelle la « pure actualité ». Ainsi, le premier moteur étant un être dépourvu de matière et de potentialité, il constitue une pure actualité. De surcroît, dans la mesure où il est exactement tout ce qu’il peut être, il représente la perfection même. Il s’agit en fait de Dieu : « Dieu est l’actualité même de l’intelligence ; cette actualité prise en soi, telle est sa vie parfaite et éternelle. Aussi appelons nous Dieu un être éternel, parfait. La vie, et la durée continue et éternelle appartiennent donc à Dieu ; car cela même c’est Dieu » (Métaphysique). Aristote parvient donc par la raison à une nouvelle conception de la divinité.

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L’idée du premier moteur a inspiré les monothéismes. En effet, le raisonnement par lequel Aristote arrive à la conclusion que la cause première de l’univers est une divinité est un raisonnement davantage théologique que philosophique. Mais cette divinité n’est pas comparable aux divinités de la mythologie grecque. Elle est liée aux croyances religieuses qui ont prévalu dans la civilisation occidentale pendant plus de deux mille ans. De fait, le raisonnement d’Aristote a servi de modèle aux penseurs ultérieurs qui ont voulu prouver l’existence du Dieu de la Genèse, qui crée le monde à partir de rien. La conception de la divinité comme premier moteur de l’univers et celle de la divnité en tant que créateur de l’univers se rejoignent plus précisément sur trois points : l’immatérialité, l’immuabilité et la perfection. « Il est évident, écrit Aristote, qu’il y a une essence éternelle, immobile, et distincte des objets sensibles » (Métaphysique). La conception de Dieu des monothéismes et celle d’Aristote se distinguent cependant par rapport à l’idée de création. Le philosophe n’a pas théorisé le premier moteur pour expliquer l’existence de l’univers, mais comme la cause finale de son éternité et de l’éternité de son mouvement. Or, le Dieu créateur de la Genèse agit sur l’univers comme une cause efficiente — le type de cause par laquelle un homme crée une œuvre d’art — et non pas comme une cause finale. Ce détail n’a toutefois pas empêché Aristote de devenir une référence intellectuelle dans les trois monothéismes.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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