Comprendre le pouvoir est un enjeu intellectuel crucial. Noam Chomsky explique dans Comprendre le pouvoir que la pénétration des ressorts profonds du système capitaliste est le prérequis du changement social. Centrée sur les États-Unis, sa critique montre que la politique américaine sert des intérêts privés dissimulés par la propagande.
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Comprendre le pouvoir permet de dénoncer l’injustice. Noam Chomsky affirme que, dans le système capitaliste, une minorité d’individus détiennent le pouvoir au détriment de la majorité. L’évolution s’exacerbe à la fin du XXe siècle à cause du développement du secteur spéculatif. Non seulement les revenus des plus grandes entreprises et des plus riches s’envolent, mais les investisseurs pèsent politiquement, ce qui leur permet d’orienter les décisions concernant le destin collectif dans le sens de leurs intérêts. Ils obtiennent notamment des aides publiques, via des subventions ou des mesures fiscales. C’est l’idée de la main invisible, selon laquelle la libre poursuite des intérêts privés bénéficie à la société dans son ensemble, qui justifie l’accaparement du pouvoir par les riches. Or, une telle injustice n’est pas viable. « Aussi longtemps, estime Chomsky, que le système fonctionnera ainsi, oui, il va s’autodétruire » (Comprendre le pouvoir). Le linguiste estime que la société américaine exemplifie l’injustice du capitalisme. Aux États-Unis, les élites privilégient les dépenses militaires par rapport aux dépenses sociales parce que la priorité est de favoriser le profit des entreprises privées. Et le capitalisme américain étend sa domination au monde entier. Ses banques et ses sociétés d’investissement bénéficient du libre-échange. Les États-Unis interviennent à l’étranger (par exemple à Cuba ou en Irak) pour imposer leur puissance économique. Ils sont, pour Chomsky, le principal facteur de violence à l’international.
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Chomsky veut comprendre le pouvoir pour résister
Comprendre le pouvoir demande de comprendre l’endoctrinement. Noam Chomsky avance que le rôle fondamental des médias est d’imposer la pensée des élites. Dans le détail, les médias endoctrinent à la fois les élites dirigeantes à servir le pouvoir et la masse de la population à consentir au pouvoir. Mais leur propagande est plus subtile que celle d’un État totalitaire : ils se contentent de présenter les opinions compatibles avec la domination de la classe dirigeante. L’atomisation de la population, l’extrême concision des messages télévisuels, et la précarité des journalistes assurent l’efficacité de cette propagande. Plus généralement, le pouvoir se sert de divers moyens pour contrôler sa population. Un conflit international est par exemple un bon moyen d’obtenir la sujétion par la peur (tout en justifiant l’accroissement de la puissance militaire). « Tout gouvernement, pose Chomsky, a besoin d’effrayer sa population et une façon de le faire est d’envelopper son fonctionnement de mystère. C’est la manière traditionnelle de couvrir et de protéger le pouvoir : on le rend mystérieux et secret, au-dessus de la personne ordinaire. Sinon, pourquoi les gens l’accepteraient-ils ? » (Comprendre le pouvoir). De même, les dirigeants maintiennent les citoyens à l’écart du pouvoir en les divertissant par le sport et en faisant de la politique un spectacle (ce que symbolise l’élection de Ronald Reagan). Pour Chomsky, l’école contribue elle aussi à l’endoctrinement dans la mesure où elle transmet un savoir conventionnel plutôt que la capacité à penser par soi-même.
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Comprendre le pouvoir est le début de la résistance. Les pistes de solution proposées par Noam Chomsky reposent sur la nécessité d’une prise de conscience. Ainsi, il faut éduquer la population à la réalité du pouvoir à travers des médias alternatifs. L’objectif est de libérer l’individu du XXIe siècle de l’endoctrinement du système capitaliste occidental. Bien sûr, cet effort d’émancipation intellectuelle sera discrédité par le discours des classes dominantes. C’est pourquoi il doit s’accompagner d’un effort d’organisation : il faut que l’intérêt pour les nouvelles idées rassemble les gens. « La clé, écrit Noam Chomsky, est de ne pas être isolé — si vous êtes isolé, comme Winston Smith dans 1984, vous finirez tôt ou tard par craquer, comme il a fini par le faire. C’était le but de l’histoire d’Orwell » (Comprendre le pouvoir). La résistance passe donc par le développement d’organisations populaires et par le soutien d’actions de solidarité. Étant donné son pouvoir d’influence sur les dirigeants, le militantisme peut déjà obtenir des résultats concrets sur la préservation des libertés, le contrôle du libre-échange, ou la protection de l’environnement. Fondamentalement, une véritable démocratie est nécessaire. Elle repose sur le renforcement des contre-pouvoirs et la soumission du capitalisme à l’intérêt à long terme de la population. Si le militantisme peut se servir du gouvernement contre les acteurs qui nuisent à la société, l’enjeu de long terme est de remplacer l’État-nation par de nouvelles formes d’organisation. Pragmatique, Chomsky souligne que la persévérance est cruciale pour obtenir le changement social.
