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L’entraide selon Pierre Kropotkine

L’entraide est la clé du progrès de l’humanité. Pierre Kropotkine affirme dans L’Entraide, un facteur de l’évolution que la propension des hommes à s’aider les uns les autres se retrouve à toutes les périodes de l’histoire et dans toutes les dimensions (économique, politique, morale, religieuse) de la vie humaine. Il voit dans l’entraide le principe fondamental grâce auquel les classes dominées peuvent améliorer leur sort.

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L’entraide est une réalité naturelle. Pierre Kropotkine souligne que les partisans de la théorie de l’évolution de Darwin oublient qu’il a reconnu l’importance de la coopération dans le développement des espèces. De fait, les animaux pratiquent beaucoup l’entraide. Ainsi, les mammifères, y compris les singes, vivent souvent en groupes, et l’entraide est même un mode de vie pour certaines espèces, comme les fourmis et les abeilles. La concurrence (au sein de l’espèce et entre les espèces) joue certes un rôle dans le monde animal, mais elle n’est qu’un des facteurs de l’adaptation à l’environnement. « Les espèces animales, avance Kropotkine, au sein desquelles la lutte individuelle a été réduite au minimum et où la pratique de l’aide mutuelle a atteint son plus grand développement sont invariablement plus nombreuses, plus prospères et les plus ouvertes au progrès » (L’Entraide, un facteur de l’évolution). L’entraide est également une réalité naturelle pour l’humanité. En effet, les premiers hommes vivaient en tribus subdivisées en clans. Ces communautés n’étaient pas animées par l’individualisme ; bien au contraire, elles constituaient des formes de communisme primitif qui reposent sur l’entraide. Certaines préféraient la propriété collective au point de limiter le plus possible la propriété privée. Même leurs pratiques meurtrières s’expliquent par le sacrifice de l’individu pour la survie du groupe. Kropotkine en conclut que l’entraide a été une dimension essentielle des premières collectivités humaines.

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L’entraide est une réalité historique. Kropotkine part du principe que sa présence est occultée chez les barbares et dans les cités du Moyen Âge parce que les témoignages concernent exclusivement les classes guerrières et dirigeantes. Dans les faits, les migrations des barbares vers l’Europe ont transformé certaines tribus en communes villageoises. Or, ces communes étaient organisées autour du travail commun et ne reconnaissaient pas la propriété foncière. Elles ont réussi à développer l’agriculture, à donner naissance à des formes de loi coutumière et de justice. L’entraide a ensuite inspiré la structuration politique du Moyen Âge. Le développement des assemblées communales a lancé un mouvement d’émancipation des villes, avec l’établissement de chartes communales et de guildes, où l’entraide était un principe fondamental. « Dans la guilde, explique Kropotkine, — et, au Moyen Âge, chacun appartenait à quelque guilde ou fraternité — deux « frères » étaient obligés de veiller chacun à leur tour un frère qui était tombé malade » (L’Entraide, un facteur de l’évolution). Les communes fonctionnaient alors comme de véritables États, dotés de leur propre administration et de leur propre justice. Elles ont même cherché à assurer la subsistance de leurs habitants et à s’unir pour gérer la production et la consommation. En pratique, les guildes offraient généralement leurs ressources aux communes, qui pouvaient les distribuer aux communes appartenant à la même fédération. Cependant, nuance Kropotkine, l’émergence de puissants États-nations centralisateurs, les invasions extérieures et les divisions internes ont brisé la structuration politique des communes sur l’entraide.

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L’entraide survit au développement de l’État. Kropotkine explique que l’institution étatique a déstructuré les communes villageoises afin de devenir le gestionnaire exclusif de la collectivité. Des habitudes d’entraide ont cependant perduré. Par exemple, il existe des assemblées communales en Suisse, où les habitants aiment à se rassembler ; de même, les paysans s’aident les uns les autres en France ou en Russie. Mais les États s’opposent aux pratiques d’entraide des classes populaires. Ils entravent notamment la formation d’associations ouvrières, même si cela n’empêche pas la tendance à l’union des travailleurs. Les efforts étatiques contre l’entraide entraînent l’émergence d’un individualisme effréné dans la société. Or, pour Kropotkine, l’entraide constitue le principe essentiel de la psychologie humaine. « Pas de compétition, demande-t-il ! La compétition est toujours nuisible […]. C’est le mot d’ordre que nous donnent le buisson, la forêt, la rivière, l’océan. Unissez-vous ! Pratiquez l’entraide ! C’est le moyen le plus sûr pour donner à chacun et à tous la plus grande sécurité, la meilleure garantie d’existence et de progrès physique, intellectuel et moral » (L’Entraide, un facteur de l’évolution). Malgré la puissance de l’État, l’entraide renaît à travers le destin des classes ouvrières. Sa forme privilégiée par les travailleurs, le syndicat, les rassemble vers un but commun et organise leurs actions collectives. Si la coopération existe à tous les niveaux de la hiérarchie sociale, les travailleurs pauvres, eux, en dépendent pour leur survie. Mais Kropotkine reproche aux scientifiques et aux religieux d’avoir étouffé le potentiel politique de l’entraide.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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