La dissonance cognitive est un phénomène psychologique. Leon Festinger élabore ce concept dans A theory of cognitive dissonance afin d’expliquer le fait que les gens ont besoin de maintenir une cohérence entre leurs pensées, leurs sentiments et leurs comportements. La dissonance cognitive peut résulter d’une contrainte extérieure (lorsque l’individu est forcé d’agir en contradiction avec ses propres convictions) ou bien de la vie psychique autonome de l’individu.
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La dissonance cognitive est liée à la cohérence mentale. Leon Festinger part du principe que l’esprit humain ne peut pas tolérer la coexistence d’idées incompatibles — c’est-à-dire contradictoires sur le plan logique — dans la conscience. En pratique, ce phénomène implique par exemple qu’une croyance solidement ancrée repousse les idées contraires. « Un homme avec une conviction est un homme difficile à changer, écrit Festinger. Dites-lui que vous n’êtes pas d’accord et il se détourne. Montrez-lui des faits ou des chiffres et il remet en question vos sources. Faites appel à la logique et il ne voit pas où vous voulez en venir » (A theory of cognitive dissonance). Dans son premier sens, l’idée de dissonance qualifie deux sons qui ne vont pas ensemble selon les règles de la composition musicale (on parle par exemple d’un accord « dissonant »). Le concept de « dissonance cognitive » de Festinger signifie par extension que deux éléments mentaux peuvent être incompatibles (comme deux sons peuvent être incompatibles), et que la tension entre ces deux éléments engendre un inconfort psychologique. Par exemple, si un individu souhaite améliorer son état de santé, mais qu’en même temps il ne souhaite pas faire l’effort nécessaire à une activité physique, alors il peut ressentir une culpabilité qui le déprime. La théorie de Festinger signifie que c’est la coexistence de deux désirs contradictoires qui engendre le mal-être.
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Leon Festinger révèle les effets de la dissonance cognitive
La dissonance cognitive explique l’adaptation à l’échec. Festinger affirme que le psychisme ne tolère la dissonance cognitive que jusqu’à un certain niveau, car l’esprit humain a besoin de cohérence. « La dissonance cognitive, pose le psychologue, conduit à une action orientée vers la réduction de la dissonance, comme la faim conduit à une action orientée vers la réduction de la faim » (A theory of cognitive dissonance). Par conséquent, le psychisme individuel élabore des solutions pour supprimer la tension entre les éléments mentaux incompatibles. C’est cette dimension du concept de dissonance cognitive qui l’a rendu célèbre parce qu’elle explique notamment comment l’esprit humain s’adapte à l’échec. La culture classique contient de nombreux exemples de ce phénomène d’adaptation psychologique. Par exemple, l’adage « les raisins sont trop verts » tiré de la fable de La Fontaine Le renard et les raisins signifie que l’homme a tendance à dévaloriser a posteriori un objet de désir qu’il n’a pas réussi à conquérir. Dans la fable, le renard ne parvient pas à attraper les raisins, donc il prétend, pour rationaliser son échec, que les raisins ne sont pas bons à manger. Il résout par là la tension psychique en transformant son échec (involontaire) en une renonciation (volontaire). La justification des actes passés est en effet une des principales causes de la dissonance cognitive. Ainsi, Festinger met en évidence le fait que l’homme préfère s’autopersuader qu’il a bien pris une bonne décision plutôt que de supporter l’idée qu’il a pris une mauvaise décision.
La dissonance cognitive explique la résistance des croyances. En effet, Festinger a élaboré sa théorie à partir d’une étude d’observation des participants d’une secte qui croyait que la terre allait être détruite par un déluge. Certains membres en étaient tellement convaincus qu’ils avaient abandonné leur maison et leur emploi afin de se consacrer entièrement à la secte. Lorsque le déluge ne s’est pas produit, les fidèles n’ont pas tous réagi de la même manière. Les moins engagés étaient capables d’admettre qu’ils s’étaient ridiculisés ; les plus engagés, en revanche, ont échafaudé une interprétation en vertu de laquelle ils avaient raison depuis le départ (c’est grâce à leur foi que la terre n’a pas été détruite). Cette interprétation a résolu la dissonance cognitive entre leur engagement et l’inaccomplissement de la prophétie. « Supposons, demande Festinger, qu’un individu s’est engagé à respecter sa croyance, qu’il a pris des mesures irrévocables en raison de celle-ci ; supposons qu’on lui présente des preuves, des preuves sans équivoque et indéniables, que sa croyance est fausse : que se passera-t-il ? L’individu en sortira souvent, non seulement inébranlable, mais encore plus convaincu de la vérité de ses croyances qu’auparavant. En fait, il peut même faire preuve d’une nouvelle ferveur pour convaincre et convertir d’autres personnes à son point de vue » (L’échec d’une prophétie). L’intégration de nouvelles informations est une autre cause principale de la dissonance cognitive. Mais Festinger montre que cela tend paradoxalement à renforcer les croyances que les nouvelles informations discréditent.
