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La civilisation des mœurs selon Norbert Elias

La civilisation des mœurs éclaire l’évolution de la société. Norbert Elias affirme dans La civilisation des mœurs que la transformation des attitudes individuelles dans le monde occidental du Moyen Âge au XVIIIe siècle est la concrétisation, dans le comportement, des rapports hiérarchiques entre les groupes sociaux. Ce faisant, il révèle le facteur psychologique dans la formation de la civilisation occidentale.

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La civilisation des mœurs est liée à l’émulation entre les élites sociales. Norbert Elias montre que la bourgeoisie se structure par rapport à l’aristocratie en Prusse, en France et en Angleterre. Il met en lumière la logique de l’émergence de cette nouvelle élite sociale à partir de l’analyse des concepts de « Kultur » (pour l’Allemagne) et de « civilisation » (pour la France). « La notion de « civilisation », explique-t-il, représente primitivement, au même titre que la notion de « culture », une arme de l’opposition des classes moyennes et plus spécialement de ces éléments intellectuels dans leur lutte sociale interne. Avec l’accession de la bourgeoisie aux commandes de la nation, elle devient aussi l’expression du sentiment national. […] La notion française de « civilisation » reflète la destinée sociale spécifique de la bourgeoisie française, de même que la notion de « culture » reflète celle de la bourgeoisie allemande » (La civilisation des mœurs). Dans le détail, Norbert Elias distingue l’état d’esprit de la bourgeoisie allemande de celui de la bourgeoisie française. La bourgeoisie allemande, qui est tenue à l’écart de la politique, trouve l’aristocratie superficielle. En opposition à l’imitation de la culture française par les aristocrates, les intellectuels bourgeois exaltent une authentique culture allemande. La bourgeoisie française, elle, se mêle à l’aristocratie à la cour, où sont créées et promues les bonnes manières. Norbert Elias avance donc que l’avènement des mœurs a connu des trajectoires différentes selon les nations.

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Norbert Elias lie la civilisation des mœurs à la discipline

La civilisation des mœurs découle de la diffusion de normes sociales. Norbert Elias estime que cette évolution s’explique, sur le plan des mentalités, par le remplacement de la courtoisie médiévale par la notion de « civilité », devenue un élément central du contrôle social sur les corps. Cette notion s’impose grâce à l’influence de l’écrit. Alors que seuls des poèmes didactiques mémorisés (pour être récités oralement) promouvaient anonymement les usages de la cour au Moyen Âge, des auteurs diffusent désormais les règles de conduite sous la forme de recueils signés. Norbert Elias donne l’exemple du traité de savoir-vivre écrit par Érasme au XVIe siècle afin d’éduquer les fils des grands nobles dans l’art de se comporter en société. Le philosophe néerlandais les encourage à manifester leur appartenance à l’élite par des comportements plus raffinés, comme dans la manière de manger avec les mains. « Quand on se trouve en bonne société, décrit le sociologue, on ne plonge jamais les deux mains à la fois dans un plat. La manière la plus distinguée consiste à ne se servir que de trois doigts. C’est ce geste qui permet de distinguer les couches supérieures des couches inférieures » (La civilisation des mœurs). Ainsi, les humanistes ont contribué à diffuser les normes sociales par leurs productions. Ces nouvelles normes ont érigé « un mur invisible de réactions affectives » qui sépare hermétiquement les classes sociales. Norbert Elias voit dans ce processus culturel une clé méconnue de la formation de la civilisation occidentale.

La distinction selon Bourdieu

La civilisation des mœurs repose sur l’intériorisation de normes sociales. Norbert Elias avance que ces nouvelles normes sociales ont modifié les structures psychiques des individus jusqu’à y être intégrées, c’est-à-dire que leur application ne requiert plus une contrainte extérieure, ni même une contrainte personnelle consciente. Il relie cette transformation à la manière dont certains objets ont servi à codifier le comportement individuel dans les pratiques sociales de la noblesse. Ainsi, il érige par exemple le mouchoir, le vêtement de nuit, la fourchette ou le crachoir au statut d’« instrument de civilisation ». « On faisait un art de se moucher il y a quelques années, écrit Norbert Elias. L’un imitait le son de la trompette, l’autre le jurement du chat ; le point de perfection consistait à ne faire ni trop de bruit ni trop peu » (La civilisation des mœurs). En imposant une discipline corporelle, ces objets confèrent à leurs utilisateurs un prestige social. Ils illustrent tout particulièrement le développement de la pudeur dans de nombreux champs de la vie sociale, du repas au coucher, en passant par la manière de s’exprimer, à l’écrit comme à l’oral. Le sociologue met en lumière le fait que toutes les actions quotidiennes déterminées par des fonctions du corps évoluent dans ce même sens. Cette logique fera progressivement disparaître l’agressivité de la vie publique — elle ne sera plus que simulée dans les compétitions sportives. Norbert Elias en conclut que la civilisation des mœurs s’est édifiée sur l’autocontrainte de l’individu.

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Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

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