- 50 % SUR LE PROGRAMME DE CULTURE GÉNÉRALE PENDANT

Jours
Heures
Minutes
Secondes
Rechercher
Generic filters
Rechercher
Generic filters

- 50 % SUR LE PROGRAMME DE CULTURE GÉNÉRALE PENDANT

Jours
Heures
Minutes
Secondes

Les héritiers selon Bourdieu

Les héritiers sont le symptôme de la reproduction sociale. Dans Les héritiers, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron creusent la question des inégalités scolaires à partir de données quantitatives, d’une analyse sociologique de l’expérience universitaire, ainsi que d’études de cas réalisées au sein de facultés. Ils produisent ainsi la réfutation de référence du discours méritocratique de la société française quelques années avant Mai 68.

La distinction selon Bourdieu

Les héritiers sont favorisés dans l’enseignement supérieur. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron remettent en cause le préjugé selon lequel la réussite d’un étudiant dépend essentiellement de son mérite personnel. Ils estiment même que ce préjugé conditionne le monde des étudiants avec la force d’une idéologie, et qu’il l’empêche de se rendre compte de ses déterminismes. « La cécité aux inégalités sociales, posent-ils, condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons » (Les héritiers). L’université, en particulier, fonctionne selon cette idéologie. Prétendant permettre à l’étudiant de réaliser son potentiel individuel, elle ne fait en réalité que convertir l’avantage culturel des héritiers en mérite individuel, et éliminer les étudiants dépourvus d’avantage culturel. Bourdieu et Passeron réfutent les arguments classiques qui servent à justifier une vision optimiste de la situation des inégalités dans l’enseignement supérieur. Ils avancent tout d’abord que les inégalités économiques ne sont qu’un des facteurs des inégalités scolaires. Ils ajoutent que le fonctionnement de l’enseignement supérieur ne correspond pas à l’ambition politique affichée d’égalité des chances. Non seulement la classe d’origine d’un étudiant détermine — en partie en conditionnant ses attentes — son accès à l’enseignement supérieur, mais elle déterminera également son expérience ainsi que ses chances de réussite à l’université. Bourdieu et Passeron estiment donc que la configuration des études supérieures contribue à la reproduction sociale.

L’habitus de Bourdieu

Bourdieu insiste sur le capital culturel des héritiers

Les héritiers ont l’avantage du capital culturel. Bourdieu et Passeron estiment que les facteurs traditionnellement avancés pour rendre compte des inégalités scolaires ne suffisent pas à expliquer la différence de « mortalité scolaire » : l’origine sociale pèse bien davantage que le capital économique, le sexe, l’âge, ou encore la religion. Dans les faits, les étudiants issus des classes inférieures et moyennes choisissent en priorité certains parcours académiques, ils ont plus de mal à avancer que les héritiers. Les sociologues théorisent ces inégalités scolaires grâce au concept de « capital culturel ». Il s’agit de l’ensemble du savoir, du savoir-faire, ainsi que des goûts à partir desquels un individu fait l’expérience de la vie sociale. Or, pour Bourdieu et Passeron, cet ensemble est largement hérité. Les enfants des classes populaires peuvent acquérir la culture de l’élite via la culture scolaire, mais l’école dévalorise paradoxalement le capital culturel qu’elle transmet : « l’École serait la voie royale de la démocratisation de la culture, si elle n’en consacrait, en les ignorant, les inégalités initiales devant la culture et si elle n’allait souvent — en reprochant par exemple à un travail scolaire d’être trop « scolaire » — jusqu’à dévaloriser la culture qu’elle transmet au profit de la culture héritée qui ne porte pas la marque roturière de l’effort et a, de ce fait, toutes les apparences de la facilité et de la grâce » (Les héritiers). Bourdieu et Passeron en concluent que ce sont les premières socialisations, tout particulièrement celle de la famille, qui déterminent la trajectoire d’un étudiant.

Le capital humain selon Gary Becker

Les héritiers révèlent l’hétérogénéité du monde estudiantin. En effet, selon Bourdieu et Passeron, c’est une erreur de croire qu’il existe une condition d’étudiant comme il existe une condition ouvrière. La vision conventionnelle de l’enseignement supérieur le considère comme un monde unifié parce que les étudiants partagent les mêmes enjeux et un même mode de vie (rythmé par les cours et les examens). Ce monde est cependant fragmenté par divers facteurs. Les sociologues estiment par exemple qu’il manque d’institutions favorisant la mise en relation des individus, et donc des classes sociales. « L’idéal de coopération, écrivent Bourdieu et Passeron, ne trouve aucun encouragement dans la tradition de l’Université française et, de l’école primaire à la recherche scientifique, le travail collectif ne peut qu’exceptionnellement s’appuyer sur des institutions. Parmi les tâches qu’ils s’assignent, les professeurs relèguent souvent au dernier rang la fonction d’organisation qui pourrait leur incomber et tout particulièrement la tâche d’encadrer le travail collectif des étudiants ; de plus, l’École inculque, dès l’enfance, un idéal contraire, celui de la compétition individualiste » (Les héritiers). Mais plus fondamentalement, les étudiants ne peuvent pas constituer un ensemble homogène parce qu’ils se rapportent à leur situation et donnent du sens à leur parcours à partir de représentations subjectives héritées de leur milieu social. En particulier, ils adoptent plus ou moins la culture universitaire ; ils valorisent plus ou moins le travail intellectuel. Bourdieu et Passeron considèrent donc que la fragmentation de la société entraîne la fragmentation du monde estudiantin.

Une société sans école selon Ivan Illich

Vous n'avez pas besoin de passer votre vie dans les livres.

Découvrez les 5 secrets des personnes les plus cultivées.

Qui est Romain Treffel ?

Passionné par les idées, je veux vous aider à mieux comprendre votre existence grâce au meilleur de la pensée. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous.

Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles.

Vous n'avez pas besoin de passer votre vie dans les livres.

Vous n'avez pas besoin
de passer votre vie
dans les livres.

Découvrez les 5 secrets des personnes les plus cultivées.

Nous utilisons des cookies pour gérer ce site web et comprendre comment vous l’utilisez. Consultez notre politique en matière de cookies en cliquant ici.